Page 242 - MORPHOLOGIE DES STRUCTURES
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242 L’ARC, LE CÂBLE ET LA STRUCTURE HAUBANÉE

2.2. Les treillis sont plus souples que les poutres pleines, mais l'écart diminue avec l'élancement.
2.3. Les arcs de section variable avec tirant sont toujours plus souples que les treillis WARREN ou MULTI-LIER-
NES 3 avec n pair, ainsi que tous les autres treillis dès que L H ≥ 4,5 .
Les arcs sans tirant (ou à tirant raccourci) ne sont cependant efficaces que sous charges fixes prédominantes (car ils
doivent être renforcés pour reprendre la flexion induite par les charges mobiles).
2.4. Le câble ou l'arc (sous σ) de section constante, pouvant compter sur des appuis reprenant la composante hori-
zontale des actions qui y sont appliquées, sont simultanément les structures les moins volumineuses et les plus rai-
des (le cas des câbles à 10σ est traité au paragraphe 3. de ce chapitre).
Les ponts suspendus de très grands élancements permettant de placer le platelage au droit des câbles représentaient
donc la structure la plus légère imaginable avant l'avènement des câbles de haute résistance.
Ce type de pont présentait aussi une stabilité remarquable sous faible charge mobile, car l'effort axial dans les
câbles était d'autant plus élevé que l'élancement et la portée étaient grands.
En Chine, les ponts en lanières de bambou tel que celui de An-Lan sur la rivière Min (qui remonte au 3e siècle de
notre ère avec, actuellement, des portées libres variables jusqu'à 61 m, figure 1.4.3.3.), et les ponts en chaînes de fer
construit aux confins de l'Himalaya dès le 6e siècle sont de remarquables exemples de ce type de structure [2].

                                                            Figure 1.4.3.3.
Les ponts de liane en Amérique Latine et en Asie, tel que celui de San Luis Rey sur la rivière Apurimac au Pérou,
construit par les Incas en 1350 avec une portée libre de 45 m (et qui fut détruit en 1890), sont d'autres exemples.
Plus près de nous, et déjà ici avec des câbles de haute résistance, un étonnant petit pont de berger vu en Sardaigne
mérite une attention particulière, car le lecteur ne trouvera probablement jamais aucune autre description de celui-ci
(figure 1.4.3.4.). Trois câbles parallèles encastrés dans des massifs rudimentaires en béton supportent les bords et le
milieu d'un platelage discontinu en tôles d'acier striées sur lesquelles sont fixés des garde-corps. Ce dispositif cons-
tructif ingénieux et économique lui donne une stabilité étonnante.

                                                            Figure 1.4.3.4.
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