Page 92 - Entre ombre et lumière
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ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

terre en tant que discipline autonome, et l’essentiel
de ses codes s’appliquent de manière plus ou moins
explicite à la matière opaque. Le rôle de la lumière
dans la mise en forme architecturale est, d’abord,
de définir les volumes, puis de « sculpter » les murs
par les ombres projetées, et enfin de traverser
localement ces derniers, au travers de percements
nécessairement limités en nombre et en étendue.

   Ce n’est que tout récemment, que le déve-
loppement des technologies du verre permet
à la transparence et au reflet de prendre une
part nettement plus importante dans ce que la
construction exprime par son aspect. Néan-
moins, tous ces éléments, qu’ils soient opaques
ou transparents, obéissent nécessairement aux
règles qui régissent une construction saine et que
l’on désigne souvent par le terme délicieusement
ambigu de « règles de l’art ».

   Une de ces règles me tient particulièrement
à cœur : la règle du « trait d’ombre ». Elle émane
du simple bon sens constructif, mais elle tire son
nom de ce que la lumière en révèle, et c’est cela
qui lui donne sa place ici.

   Loin de n’être qu’un détail secondaire de mise
en forme, le trait d’ombre touche aux fondements
de la manière de construire, étant intimement lié
à deux concepts fondateurs de la forme archi-
tecturale : le « dessin » et le « joint », dont il sera
question plus loin.

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