Page 93 - Entre ombre et lumière
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L’ombre

Le trait d’ombre
La règle du « trait d’ombre » pourrait s’énoncer
ainsi : « sauf conditions particulières, précisément
définies et limitées, tous les éléments de construc-
tion soumis à l’action des intempéries doivent se
marquer en élévation par un trait d’ombre hori-
zontal qui souligne le désaffleurement qu’impose
la logique constructive ».

   Cette règle s’applique à tous les éléments de
construction, qu’ils soient opaques et transpa-
rents, mais sa manifestation n’est pas la même
pour ces deux catégories d’objets. Sur les maté-
riaux opaques, le trait d’ombre est une simple
bande sombre dont la largeur est proportionnelle
à l’importance du désaffleurement. Sur les maté-
riaux transparents, il participe au jeu complexe des
reflets en remplaçant localement l’image réfléchie
par une bande de transparence, plus sombre.

   Le trait d’ombre a une très vieille histoire.
   De tout temps, en tous lieux, les constructions
vernaculaires 2 des régions pluvieuses présentent
généralement une toiture débordant des murs
pour les protéger de la pluie, en y projetant le
trait d’ombre « originel ».
   Cette disposition est « traduite » dans la
pierre par l’architecture érudite de l’Antiquité,

2	 L’Encyclopedia of Vernacular Architecture of the World (Paul
     Oliver ed., Cambridge University Press, 1997 ; en trois
     volumes) documente le sujet avec rigueur et profondeur.
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