633 – LES VILLAS DE GANSHOREN
Avenue Van Overbeke 231-237 à 1083 Ganshoren, Belgique
50°52’36,01’’N/4°18’26, 36’’E
8809 m², 2016, (01/633)
- Architecture
- Ingénierie de la structure
- Physique du bâtiment et concepts énergétiques
- Acoustique
- Sécurité incendie
- Économie du projet
L’immeuble, construit à la fin des années 1950 par l’architecte Gaston Brunfaut et son collaborateur Albert Vanden Bossche, est représentatif de la technologie constructive en vogue à cette époque. En particulier, les façades sont composées d’éléments de béton préfabriqué comprenant les allèges et les châssis eux-mêmes, équipés de simple vitrage. Le projet vise à amener les performances énergétiques de l’enveloppe, particulièrement pauvres, à un niveau supérieur aux normes, avec une attention particulière aux questions de maintenance et d’entretien.
Il s’attache également à améliorer l’insertion urbaine de l’immeuble, témoin de l’approche fonctionnaliste de la cité qui a prévalu après la seconde guerre mondiale : logement de masse en périphérie urbaine, en hauteur, aéré, répétitif dans ses gabarits et ses orientations, dans un environnement urbain monofonctionnel et ouvert, verdurisé dans le meilleur des cas.
La ville verticale n’est pas une absurdité en soi, loin de là[1], et ce n’est pas à cela qu’il y a lieu de s’attaquer. C’est la monotonie et l’isolement qu’il faut corriger : si le projet offre aux occupants l’occasion de mieux s’approprier leur logement, le sentiment de communauté pourra reprendre vigueur. Les habitants pourront alors mieux profiter de ce que les constructeurs fonctionnalistes leur ont laissé de meilleur : un environnement aéré et vert, agrémenté de vues magnifiques sur Bruxelles et sa périphérie.
Architecture
La démarche architecturale se démarque de l’approche uniformisatrice qui a prévalu dans la conception de l’immeuble. Plutôt que le conformisme et l’alignement, le parti vise à développer la diversité. Plutôt que la Cité Radieuse de Le Corbusier, c’est la Mémé de Lucien Kroll qui sert de référence.
Un mur-rideau est suspendu à une distance de 1,50 m devant les façades existantes. L’espace entre les deux façades constitue un agrandissement de l’espace de vie et devient un véritable jardin d’hiver, utilisable quasiment toute l’année.
La double façade constitue un tampon thermique et permet un ajustement plus fin du climat intérieur par combinaison de l’ouverture et de la fermeture des ouvrants extérieurs et intérieurs. Il améliore sensiblement les performances énergétiques du bâtiment et compense largement l’isolation relativement faible de l’enveloppe. Les surchauffes sont atténuées par le placement de tentures thermiques, aussi bien derrière la peau extérieure qu’à l’intérieur du logement.
Le mur-rideau entièrement vitré, autoportant mais lisse, résout tout problème de salissement et d’étanchéité.
Un vitrage sur deux étant ouvrant, le nettoyage des faces extérieures des vitrages fixes s’effectue dans des conditions de sécurité parfaites, compte tenu de la faible épaisseur de la façade-rideau.
Il n’y a aucune réduction de la lumière naturelle grâce à l’emploi de profilés de façade en acier de section particulièrement mince.
La double peau apporte une protection acoustique de premier ordre vis-à-vis des bruits extérieurs.
La double peau apporte une solution définitive aux problèmes générés par les pigeons.
La transparence du mur-rideau laisse percevoir la modénature du bâtiment et la met en valeur, l’aspect architectural garde sa légèreté.
L’entièreté des travaux s’effectue par l’extérieur, sans aucune perturbation des occupants ni contrainte sur l’avancement du chantier.
Le volume de la double peau permet l’installation très aisée d’un système de ventilation avec récupération d’énergie. Les groupes de pulsion-extraction trouvent aisément leur place dans les jardins d’hiver.
Le coût de cette solution s’inscrit dans les limites imposées par le financement public de l’opération.
Dans la logique du projet, les occupants sont invités à peindre le béton existant de leur logement et à choisir les couleurs de leurs tentures, soit selon le schéma coloré établi par le peintre Georges Meurant[2], soit dans les couleurs de leur choix, et à agrémenter leur nouvel espace de vie de plantations, de mobilier, ou de tout autre objet qui témoigne de leur présence et de leur vie. Un morceau de ville verticale multicolore peut ainsi apparaître, à l’instar de nombreuses cités du monde : Valparaiso au Chili, Cinque Terre en Italie ou Tirana en Albanie, par exemple.
Mais il ne s’agit pas non plus de faire table rase du passé. Au contraire, la modénature existante, régulière mais complexe, est mise en valeur par la transparence de la nouvelle façade. Les jeux d’ombres des différents éléments en béton de la façade (colonnes, linteaux, panneaux lisses, bandeaux et joints en creux) sont magnifiés, comme projetés à une échelle plus grande, par l’ombre projetée des nouveaux planchers.
Le projet voit à long terme et vise à sécuriser l’investissement pour l’avenir. Ainsi, si les exigences thermiques se resserrent encore dans le futur, il sera facile de remplacer la façade existante par une nouvelle façade de performances supérieure, passive par exemple, en capitalisant l’intégralité de la présente intervention.
Sécurité
Le projet s’attache à rendre toute la partie nouvelle de la construction conforme à la réglementation applicable en matière de sécurité incendie.
La structure de la façade suspendue est réalisée en acier à haute limite élastique, de façon telle que la sollicitation du matériau ne dépasse pas 1/20 de la limite élastique. Dans ces conditions, aucune protection coupe-feu n’est requise pour les suspentes.
Les allèges vitrées doivent être pare-flammes (E60) sur une hauteur d’un mètre. Ce niveau de performance est atteint simplement par un double vitrage composé d’une feuille trempée de 8 mm d’épaisseur avec couche réfléchissant la chaleur, et d’une face feuilletée 66.2 de 12 mm d’épaisseur.
Le plancher des jardins d’hiver doit présenter une résistance au feu de deux heures (EI 120) tout en restant le plus léger possible. Il est constitué d’une simple tôle revêtue en face inférieure d’un matelas de laine de roche de 12 cm d’épaisseur, parachevé par un plafonnage au plâtre.
La proposition inclut, en option, l’intégration de cellules photovoltaïques dans les façades (“Building-Integrated PhotoVoltaics”, ou BIPV) afin de produire de l’électricité pour les usages propres du bâtiment, le surplus éventuel étant injecté dans le réseau.
[1] Intégration picturale : © Georges Meurant
[2] Voir le livre de Philippe SAMYN, Postface de Jean ATTALI : “La ville verticale”, version papier (126 p.); ISBN : 978-2-8031-0408-6; version ebook/ epub : ISBN 978-2-8031-0409-3, Bruxelles, Académie Royale de Belgique, collection “l’Académie en poche”, n°38, 2014, www.academie-editions.be. Disponible librement en version e-book sur le site www.samynandpartners.com.
Document E41_01/633-Fr Édition du 2016-06-08
LOCALISATION
Avenue Van Overbeke 231-237 à 1083 Ganshoren, Belgique
50°52’36,01”N / 4°18’26,36”E
SURFACES
Surface brute hors sol : 8.808 m².
Surface de façade : 5.783 m².
MAÎTRE D’OUVRAGE
Les Villas de Ganshoren, société immobilière de service public SC.
ARCHITECTES & INGÉNIEURS
Philippe SAMYN and PARTNERS sprl, architects & engineers
Chaussée de Waterloo, 1537 B-1180 Bruxelles
Tél. + 32 2 374 90 60 Fax + 32 2 374 75 50
E-mail: sai@samynandpartners.com
Philippe SAMYN
Propriétaire exclusif des droits d’auteur (copyright)
ÉQUIPE
Architecture
Design Partner : Dr Ir Philippe SAMYN.
Administrative Partner : Denis MÉLOTTE.
Collaborateurs : Giuseppe CARDILLO, Roser IGUAL, Vlad POPA.
PEB : FLOW TRANSFER INTERNATIONAL sa (sous-traitant)
Andrew JANSSENS.
Rue du Ham, 137 B-1180 Bruxelles, Belgique
Tel. : +32 2 375 75 40 E-mail : info@fti-sa.be
DOCUMENTATION
Gestion documentation : Philippe SAMYN and PARTNERS (André CHARON et Quentin OLBRECHTS)
For plans sections and elevations, please refer to the archives section of the site available from the “references” menu.