Page 119 - Ville verticale
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permet d’ordonner un espace en projetant directement
sur lui des tracés, une grille, une figure réticulaire, tout
cela d’après un dessin. Tel est le versant utopiste de la
pensée urbaine. C’est bien à cette poussée utopique
qu’il faut rattacher les spéculations géométriques de
Philippe Samyn. L’architecture projette et se projette,
mais elle le fait sous les espèces du plan, et en articu-
lant ses propositions à une théorie de la mesure – telle
serait la première caractéristique de ce manifeste de la
« ville verticale ». Pavage géométrique, extrême densité
ponctuelle dans l’occupation du sol, légèreté et plasticité
structurelle sont ici les principes régulateurs d’une vision
qui se veut ouvertement réformatrice.
Premier point : la géométrie commande les meilleurs
prospects, les meilleures expositions à l’ensoleillement ;
elle permet de concilier haute densité et optimisa-
tion climatique ; elle est réglée par un réseau planaire
à mailles hexagonales, selon un principe qui rappelle, à
l’échelle du décor architectural, les pavages égyptiens,
et, à une échelle territoriale, les spéculations de Walter
Christaller dans sa théorie des lieux centraux. La grille
hexagonale a une longue histoire derrière elle, la voici
mobilisée dans l’instauration du plan d’une petite ville de
30 000 habitants, épisode de dimension provinciale dans
l’organisation devenue nécessairement polycentrique
de la métropole contemporaine.
Deuxième point : les réseaux techniques (eau,
énergie, information ; ou encore : tuyaux, câbles et fibres,
respectivement appréhendés d’après leurs « indicateurs
de volumes ») auraient un coût inversement proportion-