Page 118 - Ville verticale
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116 La ville verticale
La recherche d’une meilleure économie du sol ne
peut être que relative, les principaux effets de la tran-
sition urbaine étant la croissance spatiale des villes et
les gradients de densité d’occupation qui s’ensuivent,
depuis les noyaux anciens jusqu’aux périphéries éloi-
gnées. La morphologie des villes devient discontinue, le
vide croît géométriquement en raison même de cette
dynamique d’extension. La question posée est donc
celle des mécanismes de régulation à inventer afin de
limiter le développement anarchique des lignes (et des
coûts) de transport, de diminuer la charge environne-
mentale de l’ensemble des réseaux techniques – et de
contrer l’isolement social né d’un accès inéquitable aux
ressources de la ville, voire d’une confiance exagérée
dans les vertus de la connectivité matérielle et « imma-
térielle ». La réalité du contact urbain, ce que naguère le
sociologue Richard Sennett appelait la « civilité », serait-
elle devenue indifférente à la distance spatiale ? Les liens
sociaux sont durablement affectés par un système d’
« établissements humains » où la tendance à l’isolement
relatif de la maison unifamiliale n’est compensée que par
la dynamique de la connexion universelle en tout temps
et en tout lieu, engendrant effets chaotiques et impré-
dictibilité des comportements à travers tout l’espace
habité.
Comment alors penser et agir en architecte ? En
s’inspirant d’une tradition intellectuelle très ancienne,
et selon une perspective qui paraitra sans doute intem-
pestive : en pensant par le plan, en assumant à la fois
l’abstraction de celui-ci et la fonction médiatrice qui lui