Europa FR - page 186

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EUROPA
2013.11.09
La première phase fut celle du désamiantage (DAM) des parties conservées du
Résidence Palace. Le matériau toxique était plus répandu que ce qu’un inventaire
non destructif avait permis de diagnostiquer. D’énormes quantités d’amiante
ont été découvertes : flocage de protection au feu sur les parties métalliques de
l’ancien bâtiment ; plaques de ciment en façade ; gaines techniques de grandes
dimensions ; fourreau des câbles électriques, joints en tout genre… Cette phase a
exigé de multiples précautions, les ouvriers étant astreints à intervenir habillés de
combinaisons spéciales et de masques, obligés de passer par des sas multiples :
le désamiantage, qu’on assimilerait volontiers aux dangers d’un déminage, est la
preuve de ce qu’ont coûté à la société des matériaux néfastes, emprisonnés dans
des constructions figées dans une technologie fautive, impossible à recycler.
La seconde phase fut celle de la démolition (DMO) des ailes de bureaux ajoutées
pendant les années 1960, avec des raccords, des liaisons techniques, des voies de
communication interrompues. La précédente démolition, celle de ces construc-
tions de 1960, filmée à l’époque, montrait l’absence de toute préoccupation
de démontage, de tri ou de recyclage. En tout cas, le chantier d’alors exhiba la
pratique sommaire d’une destruction au bélier, d’une pollution extrême causée
par d’énormes nuages de poussière, d’une accumulation de gravats stockés sans
précaution. Le document permet de mesurer le chemin parcouru depuis, alors
que les opérations de démolition s’apparentent désormais à un prudent démon-
tage, et que le possible réemploi des matériaux devient un enjeu important. La
récupération, sur des chantiers lointains, des châssis de fenêtres utilisés pour les
façades d’Europa, achève ainsi un cycle vertueux. Les bâtiments, idéalement,
ne devraient plus connaître la fournaise des démolisseurs, mais seulement les
minuties du mécano. Il n’empêche : la démolition ouvrait une phase des plus
dangereuses. Des trous, des chutes de matériaux, des circuits de circulation sur
le chantier modifiés constamment. Des machines bruyantes, de la poussière,
inévitablement. L’architecte se devait d’être présent : pour contrôler les limites
de démolition ; pour ne pas mettre en péril des parties du Résidence Palace que
l’on souhaitait conserver : parallèlement aux murs de façade, une travée entière
devait être sauvegardée, l’enfilade de ses pièces préservée en vue de leur réno-
vation.
La troisième phase fut celle dite de consolidation (ADC). Le bâtiment, au fur et
à mesure de la démolition, cessait d’être stable : il fallut construire de nouveaux
noyaux au pied de l’existant. Ceux-là, avant d’entrer dans la structure du nouvel
édifice à construire, devaient contribuer à l’équilibre des façades dénudées. De
même, les poussées de terre devaient être contenues, au moment où s’engageait
le creusement du tunnel ferroviaire et que s’amorçait la construction des quatre
niveaux de sous-sol. Le respect du planning exigeait que les différentes opérations
fussent engagées sans retard, faisant agir deux entreprises simultanément,
respectivement aux ordres de deux administrations différentes : le transporteur
public et la régie des bâtiments.
TRAVAUX EN COURS
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