Europa FR - page 192

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EUROPA
Portiques de transfert
Le développement du réseau RER bruxellois
a rendu nécessaire la réalisation d’une nou-
velle connexion entre les gares Schuman et
Josaphat situées sur deux lignes différentes.
Or le tracé de cette nouvelle ligne, défini
bien avant le projet pour le nouveau siège
du Conseil de l’Union européenne, passe
à travers l’emprise au sol du Bloc A du
Résidence Palace, depuis le haut du premier
sous-sol jusqu’au plancher du sous-sol 4,
sur une largeur de 25 m environ. Ce tunnel
a nécessité la réalisation, dans le bâtiment
existant, d’une structure de pontage repor-
tant les charges de part et d’autre du tunnel.
La structure étudiée pour ce pontage avant
la désignation de l’équipe de projet pour le
siège du Conseil de l’Union européenne était
une structure en béton sur deux étages de
haut dont les très importantes dimensions
altéraient fortement, par leurs emprises, les
parties classées du Bloc A.
Dès le début des études de projet, Philippe
Samyn a proposé de remplacer la structure
en béton par une structure métallique plus
légère mais se répartissant sur trois étages
de haut. Dès la première étude de faisabilité,
il est apparu que cette variante métallique
permettait le respect quasi intégral des
parties classées. Tant la Régie des Bâtiments
que le Conseil furent rapidement convaincus
par cette variante, et son étude fut confiée
à l’équipe d’étude.
Cette structure métallique est composée
de quatre portiques, A, B, C et D, de mêmes
dimensions extérieures, mais dont le dessin
varie en fonction des baies de fenêtre ou de
porte des ouvrages existants qui les jouxtent.
Ils sont constitués de profilés métalliques
reconstitués allant jusqu’à 1,20 m de hauteur
et composés de plats métalliques allant
jusqu’à 120 mm d’épaisseur. Les portiques A
et B sont construits à l’intérieur du bâtiment,
ce qui a nécessité la démolition des plan-
chers dans cette zone sur trois étages.
Ces portiques suspendent deux dalles
en béton très fortement armé de 86 cm
d’épaisseur, l’une pour les portiques A et B,
l’autre pour les portiques C et D, l’espace
entre les portiques B et C étant occupé par
le couloir classé dont la dalle de sol, qui ne
pouvait qu’être conservée, s’appuie sur les
extrémités des dalles AB et CD. Ces dalles
en béton remplacent les dalles existantes
du rez-de-chaussée et s’étendent sous la
façade classée, les murs porteurs intérieurs
et les murs de la cage d’escalier historique.
La réalisation de ces dalles sous ces
ouvrages a nécessité la mise sur chandelles
de ceux-ci, ce qui se fait par passes de
60 cm de largeur environ comme cela se
pratique pour des ouvrages de reprise en
sous-œuvre.
Si, en phase définitive, ces dalles sont
suspendues aux portiques par des plats
métalliques, ce sont des barres en acier
de très haute résistance qui sont placées
dans un premier temps pour permettre
différentes phases de vérinage. La première
phase de vérinage est celle qui, une fois les
ouvrages réalisés, va permettre de mettre
les portiques en tension en transférant petit
à petit la descente de charge vers les extré-
mités du tunnel. Cette phase a pour effet de
soulever très légèrement le bâtiment pour le
« décoller » de ses murs de fondation. Des
phases de vérinage sont également prévues
par la suite car le planning de réalisation des
ouvrages de tunnel nécessite la reprise du
bâtiment très tôt dans le chantier, alors que
des démolitions sont encore à réaliser avant
que ne commence la construction propre-
ment dite. Ces phases de démolition et de
reconstruction successives, après la mise en
charge des portiques, modifient significa-
tivement les efforts qui leur sont transmis,
dont résulte la variation de leur déformée.
Celle-ci doit être compensée par l’allonge-
ment ou le raccourcissement des barres afin
de préserver la planéité de la dalle de béton
dont les ouvrages qui s’y reposent ne
supporteraient pas la déformation.
Planchers du bâtiment existant
Les planchers de la partie conservée du
bâtiment historique sont constitués de dalles
nervurées en béton. Elles ont été mises en
œuvre à l’aide d’un procédé constructif
innovateur pour l’époque, consistant à
placer sur les planchers de coffrage des tôles
préformées en forme de U inversé dont les
parties basses, mises côte à côte, constituent
après décoffrage des nervures de 24 cm
d’épaisseur, les parties hautes laissant une
fine dalle de 5 cm d’épaisseur.
Les sondages d’étude montrent que ces
planchers sont recouverts d’une importante
chape dont l’épaisseur varie de 4 à 14 cm.
Les calculs basés sur ces constatations
déterminent une capacité portante de l’en-
semble à 200 kg/m² ce qui ne correspond
pas au programme des besoins. En outre ces
planchers ne présentent pas la stabilité au
feu requise par les réglementations.
C’est ce qui a conduit Philippe Samyn à
remplacer la chape par un faux plancher qui
permet de récupérer une surcharge utile de
l’ordre de 150 kg/m², et la résistance au feu
est apportée par un flocage sur la face infé-
rieure ce qui permet de conserver ces dalles
nervurées dans la nouvelle configuration.
Cela entraîne aussi une réduction des coûts
ainsi qu’une importante économie
de déchets et de matière.
Ir
Jacques Schiffmann
,
ingénieur, professeur, puis associé
de Philippe Samyn, au sein de Setesco,
de 1986 jusqu’à sa retraite
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