542-CHATEAU CHEVAL BLANC, NOUVELLE UNITÉ DE VINIFICATION, D’ÉLEVAGE, DE CONDITIONNEMENT ET DE STOCKAGE.

Saint-Emilion, Gironde 
FRANCE

7.358 m2 pour première phase ;  2.221 m2 en deuxième phase; 2008 ; (01-542).

Consultation restreinte sur invitation.

Services effectués :

• Architecture.
• Ingénierie des structures.
• Ingénierie des techniques spéciales.

L’esprit du lieu :

Le paysage de Saint-Émilion ondoie sensuellement, vêtu de la longue chevelure délicatement peignée des rangs de vigne, ponctué d’arbres. 

A l’échelle humaine, construits bien d’aplomb, les volumes bâtis dégagent un sentiment de force maîtrisée. Leurs masses parallélépipédiques sont à la taille des petites parcelles.  Les toits en pente douce, couverts de tuiles canal, débordent légèrement des murs pour les protéger de la pluie.

Les murs sont faits en pierre dorée, rythmés par les horizontales de leurs assises, hautes  d’un pied, et par les verticales des baies, toutes rectangulaires, dotées de volets pleins gris clair.

La pierre est délicatement lumineuse par temps de pluie sans pour autant être éblouissante sous le soleil.  Le léger contraste du gris clair des volets accentue encore cette impression de douceur.

Des grilles en fer forgé relient souvent les bâtiments les uns aux autres ou délimitent cours et jardins. 

La poésie de cette architecture retenue évoque une sonate pour piano de Mozart.

Cheval Blanc s’inscrit naturellement dans ce paysage, en symbiose avec lui.

Le projet dans son site :

Il s’agit donc d’adhérer au “genius loci” tout en exprimant la personnalité originale du vin d’exception qui y est créé et élevé.  La construction doit s’insérer dans le site avec une discrétion aristocratique, combinée avec une originalité retenue propre à exprimer le statut de “primus inter pares” de Cheval Blanc : un projet fort et doux, image du vin à la fois puissant et velouté qui en est la raison d’être.

Il se définit comme une alchimie complexe de matérialités diverses et de regard essentiel, c’est elle que l’on veut mettre en valeur à l’encontre de la « banalisation » à laquelle le condamnerait forcement une mise en tourisme indifférente à l’esprit des lieux.

C’est pourquoi, plutôt que dans l’univers des bâtiments iconiques, le projet recherche ses références conceptuelles dans les grands domaines agricoles qui ont, de tout temps,  transcendé leur simple fonction pour prendre une place significative dans la culture locale et universelle.

L’effet de surprise est réservé à l’intérieur par la découverte d’une succession d’espaces très différents et complémentaires.

L’empreinte des constructions s’inscrit avec discipline dans un grand rectangle allongé qui embrasse l’ensemble du bâti, grâce à un jeu de galeries. Les volumes s’arrondissent pour répondre aux impératifs fonctionnels, dans des courbes contenues à l’intérieur de l’enceinte, tracée à l’équerre, comme il sied à

Saint-Emilion. Cependant, le cuvier échappe volontairement à cette règle et s’avance dans le parc derrière une façade vitrée en arc de cercle. Ce n’est pas une exception, cela constitue plutôt un aboutissement : un geste généreux et maîtrisé qui magnifie le cœur battant du domaine, l’atelier de l’artisan, le lieu-même où se crée ce vin d’exception. 

Il est proposé, après la mise en exploitation de l’indispensable nouvelle unité de vinification, de restructurer en une seconde phase la zone actuellement occupée par le cuvier et les chais à barriques pour parfaire la composition.

Une “cour de ferme” à l’Est, orientation du travail, répond (en première phase) à une possible “cour d’accueil ” à l’Ouest, orientation de la fête de l’accueil et de la convivialité (en deuxième phase).

La première est raccordée à la route du travail, la seconde à celle des visiteurs.  Elles encadrent, au Nord, orientation de la méditation devant le paysage éclairé, la cour du château ainsi que le lien entre l’orangerie et la chapelle.  Au Sud, celles-ci s’ouvrent sur  le parc, espace délicieux et bucolique.

La hauteur des nouvelles constructions répond à celle de l’existant.

Le volume du cuvier, le seul demandant une hauteur de sept mètres, est encadré par l’orangerie et les nouveaux locaux annexes, dont les hauteurs sont limitées au strict nécessaire. Cet ensemble forme le pendant de celui que constitue le corps principal du château épaulé par ses deux ailes basses.

Les nouveaux volumes prolongent ainsi le rythme alterné de la silhouette des toitures : les nouvelles annexes basses au Nord et à l’Est répondent aux annexes existantes, de même hauteur, au Nord du château.

La gradation de hauteur des volumes, hauts au Nord, bas au Sud, atténue en douceur le contrejour de la façade vue du Nord. 

 

Première phase

Le bon sens constructif et climatique impose les toitures en pente débordant de l’aplomb des façades, les protégeant ainsi des intempéries.  Les technologies éprouvées disponibles aujourd’hui à coût raisonnable autorisent à leur donner des formes courbes et fluides, en contrepoint des pentes droites du bâti existant, couvertes de tuiles canal.  En écho avec les courbes du plan, les courbes des toitures contrastent en souplesse avec les élévations parfaitement rectilignes.

Les trois volumes abritant les locaux de production, articulés autour d’une cour couverte avec espace de réception, se prolongent par la cour de ferme et les locaux utilitaires, l’ensemble recouvrant les chais à barriques et la zone de stockage au sous-sol.

A l’issue de la première phase de construction, les visiteurs traversent l’orangerie et sont accueillis dans la partie Ouest de la cour couverte, amplement dimensionnée, qui donne un accès direct au cuvier.  La visite se poursuit vers les chais à barriques et le local de stockage au sous-sol.  Dans la cour couverte, une bande de plancher vitré longeant les deux murs courbes de l’espace de réception permet à la lumière naturelle de pénétrer au cœur même du sous-sol en léchant ses grands voiles, conférant ainsi à cet espace souterrain une dimension aérienne.

 

Seconde phase 

Une cour et un nouveau bâtiment d’accueil couvrant un parking souterrain de 44 places, éclairé et ventilé naturellement, ainsi qu’une galerie souterraine de liaison vers les chais seraient réalisés en seconde phase à l’emplacement du chai actuel.

Le bâtiment forme la nouvelle aile Ouest du château, de même proportion que l’aile Est existante.

La nouvelle entrée principale offre simultanément accès à la réception et à l’administration, au château et à la galerie souterraine menant aux chais. 

En écho aux volumes intérieurs du chai, le couloir central est traité comme une « rue » bordée de pièces sous forme de « maisons » aux toitures en pente.

Deux fines verrières en toiture éclairent et ventilent naturellement la « rue » et les « maisons ».

La « rue » mène au château et à son escalier ce qui permet d’accéder à la terrasse du nouveau bâtiment pour jouir de la vue sur les vignes.

La position de la conciergerie à l’angle Sud Ouest, permet un contrôle visuel panoramique.

Après la seconde phase de construction, les visiteurs pourront être reçus dans la cour d’accueil pour être invités à parcourir un couloir solennel autant que didactique au sous-sol, qui mène au  grand dégagement entre les chais à barriques.

Réceptions et vie culturelle :

Avant tout lieu de production, l’espace concourt cependant aussi à la fête, aux réceptions et à l’évènement artistique.

La cour couverte et l’orangerie font donc également office d’espaces principaux de réception lors des manifestations culturelles. En liaison directe avec la cuisine et l’office, la cour peut accueillir les repas de vendanges : la fête de l’équipe Cheval Blanc.             

Avec son éclairage zénithal, c’est un espace de choix pour des expositions temporaires.

La flexibilité d’usage est aussi élargie par la réalisation de deux salles de réunions supplémentaire.

Des chapiteaux de toile peuvent recouvrir les cours Est et Ouest pour accueillir les évènements plus importants.

Tous ces espaces ont un accès direct au jardin.

La surprise se poursuit au sous-sol, dans le vestibule entre les chais à barriques et sur ses deux balcons en mezzanine que l’on croirait faits pour recevoir des orchestres de musique de chambre, à moins que ceux-ci ne se déploient dans les chais eux-mêmes.

L’éclairage naturel zénithal des murs de cet espace interstitiel et de liaison en fait un lieu idéal pour une galerie d’art, les œuvres pouvant également être exposées dans le local de stockage et la galerie souterraine.

La production :

Les espaces de production sont agencés et liés les uns aux autres de manière à assurer la fluidité des flux de matières et de personnes, l’efficience du travail et la convivialité de l’environnement, tout en veillant aux impositions fondamentales d’hygiène et de sécurité.

C’est ainsi que les espaces de travail de l’équipe Cheval Blanc, dévolus à la création, l’élevage, la mise en bouteilles et l’étiquetage du vin, sont regroupés autour de la cour couverte, à l’abri des intempéries mais éclairée et ventilée naturellement.

Les locaux techniques et utilitaires, accessibles au personnel d’entretien externe, sont disposés dans un bâtiment isolé, tout à l’Est, pour éviter une éventuelle contamination accidentelle.  L’extrémité Sud de ce pavillon abrite les locaux dévolus au personnel qui bénéficient d’une vue agréable sur le parc et les vignes.

La grande cour de ferme, zone tampon extérieure, permet le déchargement aisé du matériel et sera le lieu des activités de production de plein air.  Elle permet aux manœuvres du charroi de s’effectuer en dehors des zones de vigne.

En période de vendanges, les grappes récoltées dans les vignes sont triées, éraflées, foulées et conditionnées dans la large partie Est de la cour couverte, sous l’œil attentif du maître de chai dont le bureau contrôle toute la zone. Les cagettes de raisin attendent dans les chambres froides accessibles tant de la cour de ferme que de la cour couverte, dans un espace autonome abritant aussi le cuvier annexe.

Les cuvons dans lesquels le raisin est chargé sont hissés par des palans mobiles suspendus à des monorails placés au plafond du cuvier.  Ils cheminent ainsi au-dessus des passerelles parfaitement en leur milieu, et peuvent être déversés sans effort, d’un geste naturel et sûr, dans les cuves.

Les acteurs de cette chorégraphie sont protégés par des garde-corps en tôle d’acier perforée évitant tout danger de chute.

Le transfert du vin vers les chais à barriques se fait naturellement par gravité.

Une zone est réservée à la mise en bouteilles, proche du cuvier et en relation directe avec l’atelier d’étiquetage, elle jouit d’un éclairage naturel et de vues sur les vignes vers le Nord.  A proximité immédiate, un monte-charges donne accès à la zone de stockage située au sous-sol.  Un second monte-charges dans le bâtiment technique permet le chargement des expéditions.

 

Le cuvier principal

Les cuves tronconiques sont organisées en arcs de cercles, dos à dos au centre, et le long des parois courbes de la salle.

Réalisées en acier inoxydable sur une embase pleine servant de rangement, surmontées d’un voile perforé portant la toiture, elles sont disposées en série de capacité croissante, leur diamètre et leur hauteur augmentant  progressivement. Les passerelles d’accès sont donc en pente douce pour accéder de manière régulière aux cheminées couronnant les cuves.

Les tuyauteries d’alimentation des cuves en eau chaude et froide (isolées et sous jaquette en acier inoxydable) et celle du gaz d’inertage, ainsi que leurs branchements et vannes motorisées, sont apparents sous les passerelles. Leur tracé fera l’objet d’un soin particulier pour en assurer l’intégration harmonieuse.

Le volume du cuvier,  ainsi que l’agencement des cuves en son sein, le rendent particulièrement approprié aux prestations musicales.

 

Le chai à barriques

Les barriques sont également disposées en arcs de cercles, reliant les colonnes qui supportent le plafond voûté.

Un espace de réception, de respiration, dont le tracé lenticulaire découle de celui du pentagone occupe le cœur du chai.

L’ensemble peut recevoir un éclairage naturel modulé et un éclairage artificiel glissé entre les barriques.

La construction :

Tout ici est recherche d’économie et de mesure.  Le tracé même du projet en est l’expression.

Les portées horizontales font l’objet d’une attention toute particulière, tant pour les planchers que pour les toitures.  Leurs dimensions sont limitées au minimum par souci  de légèreté et d’économie de matière, tout comme le sont les murs porteurs, entièrement réalisés en maçonnerie, évitant ainsi le recours au lourd et coûteux béton armé en superstructure.

Les toitures, en courbes tridimensionnelles, travaillent en coques minces d’acier et de bois.  Très légères et efficientes, elles laissent la place à une épaisse couche d’isolation. Leur faible hauteur permet de limiter au strict minimum la hauteur des constructions

Des corniches horizontales en acier inoxydable microbillé couronnent, à hauteur constante, les murs enduits au mortier de pierre de Frontenac, rythmés par des baies rectangulaires élancées et par des volets unis gris clair.

La grande couverture du cuvier est portée par des troncs de cônes en tôle d’acier inoxydable perforée et raidie, qui prolongent les cuves. Des oculi vitrés y diffusent la lumière naturelle par leur sommet. Ces grandes colonnes creuses portent également les passerelles d’acier desservant les sommets des cuves.  

Un grand soin est apporté, dans le dessin, à la superposition des espaces et des points d’appui du rez-de-chaussée et de ceux du sous-sol.  Ainsi, le cuvier se superpose au chai à barriques de première année (n° 1) et les locaux d’étiquetage et d’embouteillage correspondent au chai de deuxième année (n° 2).

Les fines colonnes du chai n° 1 sont, quant à elles, rigoureusement implantées sous les axes des cuves du rez-de-chaussée ce qui permet, en l’absence de charges concentrées sur les planchers, de réaliser ces dernières en minces coques de maçonnerie armée.  C’est un processus d’optimalisation du gain de matière en regard du coût qui permettra aisément, en phase projet, d’évaluer l’opportunité d’étendre ce principe au chai n° 2 ainsi qu’au local de stockage.

Les galeries extérieures sont constituées de piliers, également en pierre de Frontenac, portant une couverture perméable à l’air, étanche à l’eau et au rayonnement solaire direct, mais diffusant la lumière naturelle.  Cette couverture est faite de demi-cylindres d’acier inoxydable, faces convexes microbillées et faces concaves polies miroir, dont l’arrangement rappelle les tuiles canal.

Une verrière en lames de verre orientables, permettant de moduler la ventilation naturelle, couvre la cour intérieure.  Elle est surmontée par une couverture identique à celle des auvents.  Les cylindres peuvent coulisser les uns par rapport aux autres de manière à moduler la pénétration des rayons du soleil.

La présence d’une nappe phréatique à faible profondeur impose la réalisation d’une enceinte étanche au sous-sol.

Crédits :

Architecture and Engineering: Philippe SAMYN and PARTNERS All projects are designed by Philippe Samyn who also supervises every drawing
 Structural Engineering: Philippe SAMYN and PARTNERS with SETESCO (sister company 1986-2006) or INGENIEURSBUREAU MEIJER (sister companye 2007-2015) if not mentioned
Services engineering: Philippe SAMYN and PARTNERS with FTI (sister company since 1989) if not mentioned

01-542 CHATEAU CHEVAL BLANC, NEW UNIT FOR VINIFICATION, MATURATION, PACKA¬GING AND STORAGE, VERTUS (FR).
Client: CHATEAU CHEVAL BLANC
Architecture: Ass. Partner in charge : A. Decorte Associates : G. De Andrede De Pereira, J. Barbosa Povoleri, D. Ferier, J.-C. Puechblanc,  B. Vancaudenberg

7.358 m2 pour première phase ;  2.221 m2 en deuxième phase; 2008 ;  (01/542)

Document E41_01/-Fr Édition du 2008-12-22

Films
Modèle
Rendus
Dessins

For plans sections and elevations, please refer to the archives section of the site available from the “references” menu.

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