537-ECOLE D’ARCHITECTURE DE LUBUMBASHI
Gouvernorat du Katanga,
République Démocratique du Congo
(2008); (01-537).
Au stade d’avant-projet.
• architecture
• ingénierie des structures
• ingénierie des techniques spéciales
Ce projet s’inscrit dans la recherche d’une identité architecturale basée sur la culture et la structure sociale propre au Katanga, d’une architecture en phase avec le climat et l’écosystème, de modes constructifs renouant avec le savoir-faire des artisans de la région et finalement de principes constructifs favorisant l’usage des matériaux les plus couramment utilisés par la majorité de la population.
La richesse culturelle du Katanga s’exprime pleinement d’une part dans l’ensemble d’objets ethniques qu’il est montré à voir tant au musée de Lubumbashi, au Congo, qu’au musée de Tervuren, en Belgique et d’autre part dans les contes, légendes et histoires transmis par tradition orale, d’une richesse et d’une intensité équivalente aux mythologies égyptiennes ou grecques.
L’artisanat, particulièrement vif et inspiré, doit être préservé et surtout encouragé à l’occasion de la construction de bâtiments publics. Un relevé détaillé des forces vives de la région permettra d’affiner la nature de ces interventions. Peuvent d’ores et déjà être cités les menuisiers et charpentiers, dont les tailleurs de pirogues, les fondeurs d’aluminium, les vanniers, les mécaniciens et artisans de barres, profilés et tôles métalliques, les sculpteurs de béton-plâtre coloré, les artisans couvreurs produisant des toitures en chaume, les couturiers de vêtements multicolores aux formes très expressives, les artisans calligraphes,…
Il y a peu d’endroits sur la planète où la nature féconde et opulente soit aussi perceptible qu’ici. Elle submerge littéralement l’être humain qui a appris à s’en servir avec une subtilité qui est loin d’être totalement déchiffrée.
Etudier l’architecture à Lubumbashi est donc en soi une expérience sensorielle et intellectuelle tout à fait particulière, aux antipodes de celle que l’on vit dans les grandes métropoles de la planète où la nature n’est pratiquement plus perceptible.
Les éléments naturels tels le soleil, le vent, la pluie ou la température sont les premiers outils conceptuels.
A 12° sous l’Equateur, la trajectoire journalière du Soleil oscille peu de part et d’autre de la ligne d’Est en Ouest. Il se lève et se couche rapidement. La lumière naturelle est chatoyante les matins et soirs ensoleillés, très douce par temps gris. La campagne abonde d’odeurs parfumées. La température varie peu et les jours frais sont rares. Les vents, influencés par les anticyclones de l’Atlantique Sud et de l’Océan Indien, viennent principalement du Sud ou de l’Est.
Le paysage de savane est régulièrement ponctué de termitières.
Il s’agit de réaliser un complexe abritant une école d’architecture ainsi que les espaces d’hébergement pour les étudiants séjournant sur le campus.
L’enseignement dispensé dans l’école se développera selon deux axes majeurs : le premier correspond à l’acquisition des outils scientifiques et techniques fondamentaux et le second, à l’acquisition du savoir-faire des différentes techniques artisanales de la région.
Cet enseignement se basera principalement sur des livres de théorie fondamentales. L’étudiant, fort de la calligraphie exceptionnelle que ses études secondaires lui ont enseignée, construira lui-même ses notes de cours. Son acquis se consignera donc dans une série de cahiers successifs.
Ses outils de travail se résumeront à une série de cahiers A4, une latte, un rapporteur, un compas, des crayons et un porte-plume pour l’enseignement théorique. Sa planche à dessin sera faite d’un panneau plan raidi posé sur des tréteaux, avec un té et une équerre. Tous ses dessins seront réalisés sur des feuilles prédécoupées aux formats A4, A3, A2 et A1. Seuls les crayons seront utilisés pour les mises en couleur des dessins.
Les travaux seront consignés à plat dans des meubles à plans. Les ouvrages théoriques couvriront tant les sciences dites exactes que les sciences humaines.
L’enseignement ne recourt donc pas à l’outil informatique et à ses équipements coûteux.
L’usage de l’ordinateur n’est pas essentiel à l’acquis de base et peut faire l’objet de formations complémentaires, ou encore s’apprendre spontanément à l’aide d’équipements personnels portables.
L’orthogonalité est pratiquement absente des expressions formelles de la culture congolaise traditionnelle. Ceci incite à un plan composé tout en courbes.
Une enceinte elliptique comprenant les quelques locaux d’administration, les bibliothèques et les ateliers d’artisans, ainsi qu’un logement de gardien et un bloc sanitaire contient douze classes de plan circulaire et, en son centre, l’espace de rencontre collectif. Elle est entourée par douze satellites annulaires comprenant chacun 24 pièces qui reçoivent les lieux de séjour des étudiants, le tout enclos par une seconde enceinte circulaire. Celle-ci se déforme en ovoïde au Nord, à la rencontre d’un grand cadran solaire marquant le parvis d’entrée.
Avec en toile de fond la forme des masques traditionnels, la volonté d’utiliser la tôle ondulée et d’assurer un éclairage et une ventilation confortable conduit graduellement à concevoir une forme de classe cylindrique, entourée d’une barza à la toiture tronconique et surmontée d’une haute toiture composée de deux surfaces développables d’allure conoïdale. Les toitures sont en tôle ondulée couverte de chaume.
Trois fentes lenticulaires séparent les deux voiles en tôle. Des lames de verre transparent, dont la perméabilité à l’air grandit au fur et à mesure que l’on s’élève, habillent les deux fentes verticales. Des lamelles de ventilation verticales bordent la fente du sommet de la toiture, sous une verrière à large débordement. Ces trois fentes sont rigoureusement orientées selon l’axe Est-Ouest, permettant la pénétration des rayons du soleil tous les jours de l’année du lever au coucher.
Une vaste tente de coton blanc est placée dans la toiture surmontant la salle cylindrique pour assurer la diffusion de la lumière tout en protégeant la classe de l’exposition directe au soleil.
Une deuxième tente en forme de surface de révolution est disposée à une certaine distance sous la toiture tronconique de la barza. Celle-ci joue le rôle de capteur solaire et chauffe l’air entre la tôle et la toile. Par effet de cheminée et à l’instar d’une termitière, l’air ainsi réchauffé est évacuée au sommet de la structure. Il entraîne dans son mouvement ascendant l’air chaud des classes en périphérie de la toile. Les vents dominants du Sud qui traversent les ventelles faîtières encourageant ce tirage naturel.
Les toitures reposent sur une fine charpente tridimensionnelle faite de fers ronds à béton soudés de 18 mm maximum.
L’ensemble repose sur 12 murs rectangulaires radiants en périphérie de la classe. Les parois de celle-ci sont faites de menuiseries en bois ou en acier à ventelles de verre. Ces 12 colonnes sont autant de prétextes à des interventions artistiques.
01-537 | LUBUMBASHI SCHOOL OF ARCHITECTURE (CD). |
Client: | GOVERNATE, PROVINCE OF KATANGA. |
Architecture: | Partner in charge : Gh. André. Associate : N. Duvivier. |
Document E41_01/537-Fr Édition du 2008-05-26
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