673 – RESTAURATION DE LA CITE MODERNE
Berchem-Sainte-Agathe, 1082 Bruxelles (Belgique) première édition
50°52’02”N 4°18’22”
13873 m²; 2021- ; (01/673).
• Architecture (avec Jourdain Architectes Associés)
• Architecture d’intérieur
• Paysage (avec Erik Dhont)
• Concepts énergétiques et de haute qualité environnementale (avec JZH)
• Gestion des coûts
• Ingénierie des structures
• Ingénierie des techniques spéciales (avec JZH)
L’APPROCHE GLOBALE DU PROJET
L’œuvre de Victor Bourgeois (V.B.) marque une étape dans l’histoire de l’architecture belge. En particulier, la Cité Moderne, avec l’aménagement paysager de Louis Vander Swaelmen (VdS), constitue un manifeste de l’idéologie moderniste promouvant une vie saine dans un environnement vert, aéré et propice aux activités sportives.
Le projet vise à la restauration des qualités spatiales du projet initial.
LA FONCTIONNALITE
La typologie existante reste parfaitement adaptée aux besoins actuels moyennant une approche réfléchie et rigoureuse pouvant s’écarter des normes « standard » en vigueur.
La simulation graphique d’aménagement des petites pièces confirme cela clairement.
LES ABORDS
La typologie des rues est restaurée afin de retrouver les proportions agréables à la circulation. La largeur des chaussées est réduite au minimum et les trottoirs en dalles de béton sont prolongés. Les places de stationnement en gravier, surélevées par rapport à la route, prolongent l’espace du trottoir.
Le choix limité à trois matériaux pour les revêtements apporte clarté et homogénéité à l’ensemble du site.
La biodiversité du site est améliorée grâce à un ensemble de vergers communs, également semés en prairie fleurie sèche et humide, et un point d’eau. De nouveaux arbustes fleuris sont plantés pour améliorer le cadre de vie des habitants. L’ensemble des haies existantes est abaissé pour ouvrir les vues entre les jardins dont les accès sont privés. Les venelles sont rénovées et leurs culs-de-sac sont supprimés.
LES PATHOLOGIES DU BATI EXISTANT
L’examen attentif des constructions montre la nécessité de corriger certains détails constructifs maladroits ou inappropriés ayant conduit à des désordres. D’importantes infiltrations et moisissures apparaissent là où le débord de toiture est inexistant. La fissuration des bétons se produit là où la dilatation thermique de la façade en béton est contrainte. La réalisation de joints de dilatation permet de corriger la situation, et la pose d’isolants extérieurs de garantir la pérennité de l’ouvrage.
LES PERFORMANCES
Il n’y a pas de difficulté particulière à améliorer les performances physiques des constructions, qu’il s’agisse des aspects énergétiques, acoustiques ou encore de résistance au feu.
Economie et écologie
Le respect de l’histoire va de pair avec le respect de l’environnement. L’économie de la construction (aussi bien coût qu’énergie grise) découle naturellement de l’approche écologique de la construction.
1. Intervention homéopathique.
La qualité spatiale de l’œuvre de V.B., malgré la parcimonie des moyens mis en œuvre, en permet le maintien quasi intégral. Il suffit de corriger quelques défauts constructifs et de réajuster la construction pour satisfaire les souhaits de performance actuels en y ajoutant un minimum d’équipements.
Sauf très rares exceptions, la structure de toutes les constructions est préservée. Les percées dans les murs sont pratiquement inexistantes et les briques de béton des maçonneries démontées sont réutilisées.
2. Chantier propre, sec et sûr.
Les bâtiments sont d’abord nettoyés et leurs éléments démontés, s’ils ne sont pas réutilisés, stockés en vue de leur réemploi d’abord pour les abris de jardin proposés puis pour construire le « BHVB », Bâtiment en Hommage à V.B. (un centre culturel ou social) là où le commanditaire le trouve opportun.
Rien ne quitte le site, tout est récupéré sauf les produits dangereux.
A l’exception des cloisons à remaçonner, toutes les interventions se font à sec avec un maximum d’éléments préfabriqués dans un chantier sans poussières.
Les enduits et les papiers peints sont laissés en place et ragréés.
Les débris de plâtre et de sous-couches au crin de cheval sont triés pour leur réemploi dans le BHVB.
Les tubages électriques encastrés sont laissés en place.
L’état des planchers en bois est analysé et les réparations nécessaires effectuées. Aucun plancher en bois n’est remplacé par du béton.
Les menuiseries intérieures sont soit restaurées en place, soit réutilisées dans les abris de jardin et le BHVB.
3. Etudes détaillées.
L’étude préalable de tous les détails d’exécution dans un dossier de mise en soumission clair et précis, alliée à ce qui précède, permet de réduire substantiellement la durée du chantier et d’améliorer la qualité d’exécution.
Isolation thermique
Les bâtiments sont tous revêtus d’un crépi rugueux clair sur isolant couvrant l’enduit existant, sur une plinthe plus foncée pour recevoir les rosiers. Plusieurs raisons justifient cette option malgré la disparition de l’enduit d’origine :
– Respect de l’intégrité de l’œuvre de V.B. et non pas de sa seule image ;
– Suppression des risques liés à l’apparition de ponts thermiques, notamment à l’encastrement des planchers ;
– Maintien de l’intégralité du cloisonnement intérieur et des surfaces utiles des logements ;
– Maintien de l’ensemble des enduits intérieurs de plafonds et de murs, ainsi que des anciens tubages électriques encastrés ;
– Maintien de l’installation de chauffage existante, récemment renouvelée ;
– Mobilisation de la masse thermique du bâtiment dont l’inertie est utile pour garantir le confort d’été ;
– Intégration harmonieuse des boîtes aux lettres, numéros de police, parlophone et câblages extérieurs, ainsi que des reliefs de façade (battées, seuils, balcons, corniches, acrotères…).
Lumière
V.B. oriente la majorité des bâtiments nord-sud en accordant beaucoup d’importance à l’angle entre le pied des uns et le faîte des autres en vue de maximiser l’ensoleillement, et cet héritage est intact.
La couleur blanche des murs, plafonds et menuiseries, les revêtements de sol en matériaux naturels de tons clairs, les miroirs dans les ébrasements de fenêtres et le vitrage des portes (hors chambres et sanitaires) ainsi que les stores vénitiens maximisent la diffusion de la lumière naturelle.
Résistance au feu
La « Norme de Base » de sécurité incendie n’est pas applicable aux bâtiments du présent projet. L’approche raisonnable de gestion du risque d’incendie conduit à prévoir un faux-plafond composé d’éléments en plaques de plâtre cartonné sur structure métallique sous toute la surface des planchers en bois.
Les escaliers existants sont également protégés contre le feu.
Accessibilité aux personnes à mobilité réduite (PMR)
Huit logements sont proposés pour adaptation à un usage par des PMR.
LA CONSTRUCTION
De nombreux matériaux et éléments constructifs sont présents sur le site et sont réutilisés dans le réaménagement des bâtiments ou pour la construction des abris de jardin ou du BHVB.
Les éléments en argile et en céramique sont tous récupérables, donc récupérés. Les pièces les plus abîmées utilisées pour les abris de jardin et le BHVB.
Tous les éléments en bois massif existants sont réutilisés.
Les bois neufs sont tous massifs, aucun panneau multiplex ou de particules n’étant utilisé car ils contiennent du formaldéhyde.
Les panneaux minces sont en laine de bois comprimé ou de fibres agglomérée à l’huile de lin.
Pour ses bétons coulés sur place ou en blocs, par souci d’économie, V.B. fait déjà usage de scories de hauts fourneaux en lieu et place du coûteux et polluant ciment Portland. C’est l’équivalent des ciments actuels de classe CEM III/C à la plus faible émission de CO2. Tous les éléments de béton découpés ou démontés sont réutilisés dans les abris de jardin ou le BHVB. Aucun nouvel élément en béton n’est mis en œuvre.
Les menuiseries extérieures sont restaurées et déplacées pour venir se placer à même distance du mur extérieur de la façade isolée. La restauration comprend l’amélioration de leur étanchéité à l’air, leur nettoyage et leur peinture dans les couleurs souhaitées par V.B. Le simple vitrage est remplacé par du verre sous vide qui peut s’intégrer tel quel dans les châssis existants. Avec un U = 0,7 W/m²K, le bilan coût / énergie est positif.
Les enduits en fine couche de plâtre sur sous-couche d’argile-sable et crin sont aisés à restaurer et jouent un rôle fondamental tant pour la régulation thermique et hygrothermique que pour l’acoustique.
Il est finalement à noter que le plâtre (CaSO4), moyennant un tri rigoureux sur le chantier, est recyclable à l’infini et que la sous-couche peut être épandue dans les jardins.
Tous les matériaux bitumineux existant sont laissés en place. En toiture plate, ils réalisent une partie du pare-vapeur à placer sous le nouvel isolant de toiture.
LA DURABILITE
Développement spatial
Le site existant tel que conçu par V.B. et VdS offre des espaces intérieurs et extérieurs de qualité. Il a été créé avec une grande attention aux volumes, à la lumière et à l’ambiance à l’intérieur des espaces, ainsi qu’à la facilité d’accès aussi bien par les occupants que par les services nécessaires au bon fonctionnement ou à la sécurité de l’édifice.
Il s’agit de respecter cet héritage en tentant d’améliorer la facilité d’entretien et d’utilisation du bâtiment et de ses abords et de répondre aux normes de confort actuel, tout en étant agréables à vivre.
L’abri de jardin constitue notamment un élément très structurant sur le site. Il remplit de nombreuses fonctions : garage à vélos, terrasse couverte, citerne d’eau de pluie, rangement du mobilier de jardin et barbecue.
Environnement physique
V.B. et VdS ont visiblement pris en considération les paramètres de l’environnement physique portant sur les microclimats locaux (îlots de chaleur, vent, lumière naturelle…) et sur la santé (qualité de l’air, risques technologiques…).
Sur cette lancée, le projet de restauration s’applique à maximiser la lumière naturelle, le confort thermique, la qualité de l’air et le confort acoustique, olfactif et visuel.
Développement de la nature
Le projet ne fait que confirmer la vraie présence de la nature offerte par V.B. et VdS. Les espaces végétalisés (cours, jardins, toitures) favorisent le développement de la biodiversité. L’accessibilité et la gestion des espaces verts font également partie de cette stratégie.
Cycle de l’eau
Les eaux pluviales, grâce à l’importance des espaces verts, sont intégralement utilisées sur le site avec zéro rejet d’eau claire à l’égout, sauf voiries publiques.
Ressources
L’intervention homéopathique produit virtuellement zéro déchet. La plupart des éléments des constructions existantes sont maintenus et restaurés lorsque nécessaire. Tous les équipements neufs sont apparents et préfabriqués, démontables et recyclables, ils font usage de matériaux à faible énergie grise et à faible émission de gaz à effet de serre.
Energie
L’intervention limite au strict minimum les besoins en énergie : elle demande, entre autres, à pouvoir équiper les toitures de panneaux photovoltaïques.
Il est à noter que l’énergie grise moyenne d’une construction est de l’ordre de 40 à 50 GJ/m² (soit plusieurs siècles de consommation) et que la non-destruction est une mesure bien plus efficiente que toute autre en matière énergétique.
L’intervention permet de respecter les critères « basse-énergie » (BNC<60 et CEP<150) et d’atteindre l’équivalent d’un label énergétique « C+ » (contre un label « G » pour la situation initiale).