E12-40 – AVEC QUOI CONSTRUIRE MAINTENANT ?
A la demande de ses auditeurs et étudiants, et sans attendre la publication dans son prochain ouvrage (« QuCoCoMa » – E12-40) voici un des graphiques de Philippe Samyn qui illustre depuis octobre 2018 ses conférences et exposés, ainsi qu’un résumé de ce qu’il incite comme réflexions.
Avant 1914 et à quelques exceptions près, la construction est faite de terre, de pierre,
de briques et tuiles de terre cuite, de bois, de fibres végétales et animales. Depuis lors,
dans les pays industrialisés, ciment Portland, acier et plastique, verre et aluminium remplacent progressivement ces matériaux traditionnels.
La figure illustre, en regard de l’accroissement de la population (exclusivement urbaine depuis 1990), celle de la production mondiale d’énergie primaire, de ciment, d’acier, de bois (hors chauffage) et de plastique de 1945 à 2017. Elle s’aventure aussi dans quelques prévisions jusqu’en 2050.
L’accélération de la production de ciment, aussi dans les années 1990, correspond à la chute de l’URSS, l’ouverture de la Chine, l’émergence de la mondialisation et l’instauration d’un nouvel ordre économique planétaire. C’est aussi en 1990 qu’Internet devient accessible à tous et que se développe progressivement le www (world wide web).
A l’abondance énergétique vient s’ajouter soudainement, entre 1990 et 1998, une incroyable abondance financière qui découle de la valorisation de l’ensemble des gains futurs de toutes les entreprises cotées en bourse sur la planète (les indices boursiers passent de 100 à 1 000 entre 1910 et 1990 et de 1 000 à 10 000 entre 1990 et 1998 !).
Cette manne est en partie gaspillée dans des constructions débridées, coûteuses et délicates, dont le luxe est à la mesure de l’insouciance du moment.
A part en Chine, toujours en pleine urbanisation, le ralentissement de la production de ciment et la stabilisation de celle de l’acier à partir des années 2000 va de pair avec la naissance des préoccupations relatives aux ressources énergétiques et au réchauffement climatique.
Etonnamment, l’accélération vertigineuse de la production chinoise de ciment en 1990 et d’acier en 2000 ne s’observe pas en Inde alors que sa population est équivalente et qu’elle s’urbanise aussi.
La production mondiale d’énergie primaire, qui suit l’évolution de la population mondiale, s’accélère aussi à partir de 2000, peut-être pour satisfaire les besoins des centres de données (« data centres ») ?
Si les chocs pétroliers de 1973 et 1979, avant l’ouverture de la Chine, n’ont apparemment pas impacté ces productions, ni la manière de penser la construction, le troisième choc pétrolier de 2008, la surproduction chinoise et la prise de conscience au sens large des questions environnementales devraient maintenant profondément les impacter.
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