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659 – THE RING OF TRUST, LE NOUVEL HOTEL DE POLICE A MOUSCRON
Avenues du château, rues cotonnières et de la passerelle 7700 Mouscron, Belgique
50°74’38”N / 3°22’76”E 7.241 m² ; 2019 ; (01/659).
- Urbanisme
- Architecture
- Aménagement intérieur
- Aménagement des abords et paysager
- Ingénierie de la structure (avec SETESCO)
- Ingénierie des techniques spéciales (avec FTI)
- Physique du bâtiment et concepts énergétiques (avec FTI)
- PEB (avec BROUAE)
- Acoustique (avec A-TECH)
- Accessibilité
- Sécurité incendie
- Sécurité intrusion (avec Robrechts & Thienpont)
Le parti constructif de l’Hôtel de Police découle de l’étude du Génie du Lieu qui est mise en regard avec les souhaits et la définition des besoins du commanditaire.
- GENIUS LOCI
Le site est particulièrement aéré, bordé de constructions aimables de petit gabarit ainsi que sur son flanc Sud-Ouest d’un beau patrimoine sylvicole.
Son plan forme approximativement un carré de 90 m de côté prolongé au Sud-Est par un rectangle de 30 m x 90 m pour les futurs logements. L’ensemble s’inscrit ainsi approximativement dans un rectangle ¾, (de diagonale 5), (figure 1).
Il s’agit d’y implanter le bâtiment « en son centre » et de façon « éminente », les logements planifiés rue de la Passerelle, au Sud du site, demandant une attention particulière. Il est en effet important de pouvoir leur offrir, outre des jardins et terrasses au Sud (à privilégier), le plus grand dégagement visuel possible ainsi qu’une vue agréable vers la façade de l’Hôtel de Police au Nord de ceux-ci. Ce dernier ne devrait donc pas leur présenter une façade arrière avec vues sur les logements, et encore moins un parking.
L’orientation du site par rapport aux axes cardinaux (et donc à la trajectoire du soleil et aux vents dominants) et son plan pratiquement carré, sont particulièrement intéressants à cet égard : les rues de la Passerelle et Cotonnière sont en effet aussi inclinées selon le triangle 3/4/5 par rapport aux orientations Est/Ouest ou Nord/Sud, offrant la plus grande liberté de réflexion.
L’angle Nord du « carré » mis sur pointe (à la rencontre de l’avenue du Château et de la rue Cotonnière) est ainsi l’ancrage de l’axe Nord/Sud du site et en forme le lieu d’entrée naturel. Sa position à contre-jour, peu accueillante, demande de jouer souplement avec la trajectoire du soleil, d’aller le chercher en arrondissant les angles.
La prolongation de l’alignement des bâtisses au Sud de la rue du Pont Vert définit le flanc Nord de construction pour limiter au strict minimum ses ombres projetées sur les voisins (qu’une forme arrondie atténue) et développer un parc largement arboré, encerclant la construction sur toutes ses faces.
La déclivité de l’Ouest à l’Est du site, de l’ordre d’un étage, et la nouvelle voirie de desserte à l’Ouest permettent aussi d’organiser les flux de véhicules de et vers une cour centrale pour l’Hôtel de Police en prévoyant un accès vers un rez « haut » par cette nouvelle voirie et un accès vers un rez « bas » à front de l’avenue du Château, ces deux accès étant reliés en suivant la pente du terrain, au travers de la cour.
Elle incite aussi à prévoir l’accès visiteur et son parking au Nord du site, à l’angle de l’avenue du Château et de la rue Cotonnière, au niveau « rez-bas ».
Cette déclivité permet finalement de protéger naturellement le bâtiment contre les tentatives d’agression en l’encerclant du parc et de ses arbres à hautes tiges.
Cette surélévation permet non seulement de placer le rez-bas au-dessus du niveau maximum supposé de la nappe phréatique (40.96), mais également d’équilibrer les déblais et les remblais pour ne rien devoir importer ni exporter comme terres.
- LE BÂTIMENT
2.1. Symbole
Un Hôtel de Police se doit d’être simultanément « éminent » et « accueillant », ce qui n’est pas contradictoire. En grec ancien Policea renvoie au bon ordre et à l’organisation de la cité.
Il est question, ici, de concevoir un bâtiment au centre d’un ilôt sans histoire et de lui en conférer une, imagée pour le quartier, malgré l’importante surface de parking qu’il requiert : The RING of TRUST, l’anneau de la confiance ou encore POLIS GARDEN.
Il s’agit, donc et en premier lieu, de concevoir des abords accueillants, planté d’arbres plutôt que de voitures, ensoleillés et sans courants d’air.
Il s’agit ensuite d’inscrire dans cet écrin un Hôtel de Police comme un point de repère dans la ville.
Outre les raisons d’accessibilité, de sécurité, de fonctionnement et d’économie de moyens, le cercle s’invite naturellement, la construction assurant le rôle :
– de rotule urbaine structurant le paysage à l’angle de deux rues,
– de lanterne ou de phare urbain, veillant aussi la nuit sur la sécurité des citoyens.
Le cercle exprime aussi la diversité multiple et complexe des interventions et l’importance de l’efficience des flux associés.
2.2. Viabilité
Le souhait d’éclairage et de ventilation naturelle, la grande variété de locaux de petite taille et le besoin de pouvoir aisément modifier leur répartition dans le futur, ainsi que l’efficience du rapport des surfaces nettes aux surfaces brutes, conduit à limiter la largeur intérieure du bâtiment à 12,6 m, soit 14 modules de 90 cm, et une profondeur hors tout de 13,4 m avec une enveloppe de 40 cm d’épaisseur.
La déclivité du terrain ainsi que les questions liées à la sécurité incitent à dédoubler le rez-de-chaussée.
2.3. Organisation générale
Le programme est organisé autour des questions de fonctionnalité, de sécurité, et d’accessibilité (figure 2).
Le souhait d’intégration urbaine harmonieuse ainsi que la fonctionnalité et la flexibilité d’usage du bâtiment incitent, à limiter la hauteur à rez + 3.
L’analyse des surfaces des locaux, leur interrelation et leur niveau de sécurité fait clairement apparaître leur logique d’implantation avec :
– au rez, l’accueil, le complexe cellulaire, la logisti-que (répartis sur un rez-bas (aussi avec parking) et un rez-haut de manière à mettre à profit la déclivité du terrain) (niveaux 40.96 et 44.20) ;
– au premier, le service recherche, le service intervention avec son centre de transmission, ainsi que les vestiaires et le service des soins (niveau 48.70) ;
– en mezzanine, entre le rez et le premier, au-dessus de l’espace charroi de grande hauteur, les autres espaces de grande hauteur (la salle de formation, en tandem avec la salle de réunion-sport, et pouvant s’unir pour former un grand espace unique) (niveau 46,40) ;
– au deuxième, le chef de corps encadré par la direction opérationnelle et la direction gestion et ressources (avec l’espace informatique attenant), ainsi que le service de proximité et l’espace “mess” (niveau 52.30).
Vestiaires au premier, mess au second, sont donc à mi-niveau à côté des salles de formation et de sport.
Les besoins en surfaces des fonctions prévues au rez et au premier étage sont similaires, alors que ceux du deuxième étage sont moindres, ce qui permet d’y prévoir des terrasses.
Les locaux s’articulent autour d’une entrée publique et de trois entrées possibles pour le personnel ainsi
qu’autour de quatre noyaux de circulations verticales comportant chacun un escalier et un ascenseur vitré (noyaux I, II, III, IV); (figure 3) :
– le noyau I au Nord, (le principal et le seul desservant le rez-bas pour raisons de sécurité), dessert l’entrée du publique et l’accueil au rez-bas et au rez-haut, le pôle intervention et le service des soins, au 1er, et le Chef de Corps autour des pôles « opérations » et « gestion-ressources », au 2ème étage.
Il est dédoublé au rez pour le public, sa partie « police » étant en relation directe avec la cour des véhicules d’intervention, ainsi qu’avec le parking du personnel. Il reçoit au rez-bas les deux premières entrées du personnel : la première par son parking, la seconde par l’entrée visiteurs via le sas-local planton.
– le noyau II près de l’entrée carrossable Ouest, dessert la logistique au rez-haut, le pôle « recherches » au premier, et les pôles « opérations et proximité » au 2ème étage ; il reçoit la troisième entrée possible pour le personnel.
– les noyaux III et IV à l’Est, donnent accès au rez-haut au premier étage et à la mezzanine, le III se prolongeant au deuxième étage pour également desservir le pôle « gestion et ressources ».
Cette clarté d’organisation incite aussi à considérer un plan circulaire dans lequel on s’oriente facilement grâce aux noyaux largement vitrés et qui ponctuent régulièrement les circulations circulaires, de surcroît tantôt centrales tantôt en façade cour (à l’Est).
2.4. Accessibilité des parkings
Les importants parkings « personnel » et « police » doivent satisfaire à de nombreuses exigences. C’est ainsi qu’ils doivent être sécurisés et contrôlés : faciles d’accès et fonctionnels, mais aussi agréables et ne pas « polluer » visuellement l’environnement. Il faut, en les soustrayant au regard du public, les implanter harmonieusement et de manière à en assurer la convivialité.
La forme circulaire de la cour permet de placer l’ensemble du parking « police » dans la cour ainsi que le parking « personnel » dans le niveau rez-« bas ».
Le parking visiteurs est disposé au nord du bâtiment.
- STRUCTURE, FAÇADE ET MATÉRIAUX
La structure des façades, des planchers et toiture (portant de façade à façade sans colonnes intermédiaires) est ici en béton CEM IIIC et en bois (et colonnes en acier remplies de sable au rez bas et au 2ème étage).
Les complexes de planchers (REI 60) font une hauteur brute totale de 90 cm pour une hauteur plancher-plafond de 2,34 m (montée à 2,50 m dans les locaux habités de l’accueil), pour le rez-bas, 3,6 m pour le rez-haut et 2,7 m pour les deux étages et donc une hauteur-plancher-plancher de respectivement 3,24 m ; 4,5 m ; et deux fois 3,6 m (niveaux 40,96 ; 44,20 ; 48,70 ; et 52,30). La hauteur plancher-plafond passe à 4,54 m pour le rez-bas sous les locaux en mezzanine et à 5 m pour ceux-ci ; donc une hauteur plancher-plancher de respecti-vement 5,44 m et 5,90 m.
Le sol du rez-bas n’est jamais plus que 1m sous le niveau naturel du terrain tant pour être toujours au-dessus de la nappe phréatique que pour équilibrer les déblais et les remblais sur le site.
Dans le rez-bas, (partie en sous-sol) la structure en bois est disposée à distance d’un mur contre terre réalisé en terre armée avec géotextile.
L’espace situé entre la façade et le mur contre terre est couvert d’un caillebotis qui assure la pénétration de l’air et de la lumière dans le parking.
Les façades sont divisées en 176 éléments identiques. Le module de façade intérieure, dans la cour et sur l’axe des colonnes, est de 1,7939 m (arrondi à 1,80 m) et le module de façade extérieure, de 2,7315 m (arrondi à 2,7 m). Ceci renvoie à la théorie des nombres (θ³ = θ + 1) et au triangle de Pythagore.
Transversalement, la largeur totale de l’anneau (13,40 m) est subdivisée en 40 cm (façade) + 540 cm (local) + 10 cm (cloison) + 160 cm (dégagement) + 10 cm (cloison) + 540 cm (local) + 40 cm (façade).
Les châssis extérieurs sont disposés avec un entre-axe de 180 cm (châssis : 105 cm ; trumeau : 75 cm) sur la circonférence intérieure et avec un entre-axe de 135 cm (châssis : 105 cm ; trumeau : 30 cm) sur la circonférence extérieure. Leur hauteur est respectivement de 2,34 m ; 3,6 m ; 2,7 m et aux rez-bas, rez-haut et étages. Elle passe à 4,54 m au rez-bas sous la mezzanine et à 5 m au niveau de celle-ci.
Ils comprennent des doubles ouvrants de 2 x 52,5 cm de large et 2,1 m de haut, surmontés d’une imposte vitrée de 105 cm de large (aussi pour la ventilation naturelle).
Les impostes vitrées sont également présentes au-dessus des panneaux pleins de façade.
Les parties pleines de la façade extérieure sont en tôle Magnelis®, et en bois rétifié (ce traitement thermique à haute température rend le bois beaucoup plus résistant aux attaques fongiques et climatiques et améliore sa stabilité dimensionnelle). Les parties vitrées sont pourvues d’un vitrage extra-clair.
Suspendu à de fins câbles en acier (Ø 10mm en acier de nuance S1200) disposés tous les 90 cm, un caillebotis en acier galvanisé Magnelis® longe les façades à chaque niveau. Il est destiné à protéger les façades en bois de la pluie et des agressions, ainsi qu’à faciliter l’entretien et sert également de chemin d’évacuation.
Une mantille transparente en fins câbles d’acier habille l’enveloppe entre ces caillebotis, elle sert de garde-corps et de protection contre les effractions et le vandalisme et autorise aussi l’ouverture des fenêtres, qui peuvent ainsi avoir une hauteur sol/plafond.
Contrairement à une forme rectangulaire allongée,
la forme ronde permet d’éviter tout joint de dilatation, le contreventement étant assuré par la structure de la façade côté cour (contreventement entre colonnes au rez bas).
Les revêtements de sol extérieurs sont en pavés de ciment CEM IIIC ou de porphyre, et en asphalte pour le parking couvert.
Les planchers sur plots reçoivent un revêtement souple et couvrent le vide technique.
- FLEXIBILITÉ DES AMÉNAGEMENTS
La forme ronde du bâtiment autorise un placement totalement flexible de cloisons longitudinales et transversales, ces dernières aboutissant soit sur un montant de châssis, soit sur une partie pleine disposée entre deux montants de châssis. Ceci permettra de reprendre très précisément et au cm² près la surface du programme requise pour chaque local.
De même les surfaces attribuées à la circulation sont optimisées pour que le ratio brut/net soit réduit au strict minimum.
Les chemins d’évacuation qui longent extérieurement les façades augmentent encore cette flexibilité en supprimant les culs de sac. L’absence de colonne sur les plateaux participe à la flexibilité de l’ensemble.
Toutes les cloisons sont réalisées à l’aide d’un même élément de 90 cm de large, de 3,6 m de haut, au haut-rez et 2,70 m de haut, au 1er et 2ème étage. Cet élément est pratiquement toujours vitré au-dessus de 2,1 m de haut (imposte vitrée de 1,5 m au haut-rez et 0,6 m au 1er et 2ème étage) et tantôt vitré ou plein sur sa hauteur de 2,1 m selon l’endroit et l’utilité.
Elles sont fixées mécaniquement, de manière aisément démontables, sur des lattes en bois collées au double-face au sol et au plafond, ce qui permet une relocalisation aisée.
- TECHNIQUES SPÉCIALES
Le bâtiment est fortement isolé, protégé par des stores extérieurs, pourvu d’une inertie thermique minimale (pour ne chauffer en hiver que l’air (et pas la matière)) et d’une ventilation naturelle qui assure aussi le confort d’été : ceci permet aussi d’éviter les problèmes d’hygiène dus aux installations mécaniques de ventilation.
22 cheminées intérieures et 22 cheminées extérieures assurent la ventilation naturelle.
Elles sont suspendues en bord des poutres de toiture.
Les prises d’air neuf, alimentent des convecteurs statiques au pied des châssis.
Les valeurs suivantes sont respectées : valeur U ≤ 1 pour les châssis, K ≤ 35 + nœuds constructifs, Ew ≤ 45 (90/45).
Pour obtenir des valeurs d’isolation thermique importantes, l’épaisseur des façades est portée à 40 cm.
Le projet prévoit l’emploi de sources d’énergie alternatives : pieux énergétiques (qui servent également de fondations) combinées avec une pompe à chaleur et panneaux photovoltaïques en toiture.
L’installation de géothermie est dimensionnée pour couvrir 25 à 30 % de la puissance totale de chauffe du bâtiment. Deux chaudières gaz à condensation complètent l’installation.
Les panneaux photovoltaïques qui couvrent la toiture sont placés légèrement en pente pour assurer un lavage des poussières. En tenant compte d’une puissance de 300 kWc et d’un rendement de 85% (panneaux presque horizontaux), l’ensemble de l’installation produit environ 204.000 kWh/an, ce qui permet de couvrir la quasi-totalité des besoins en énergie primaire des installations du bâtiment.
- ACOUSTIQUE
Pour garantir les performances acoustiques à l’intérieur de la structure légère 3 plaques de type Rigidur (Gyproc) sont placées au sol sur les poutres en bois par l’intermédiaire de plots en caoutchouc de 10 cm x 1 cm x 4 cm. Une isolation acoustique de 10 cm de laine de verre de 25 kg/m³ est placée entre poutres. Il en résulte une isolation aux bruits aériens entre locaux de 56 dB et une bonne absorption des bruits d’impact.
En façade, une isolation acoustique en laine de roche de 130 kg/m³ est placée entre un ESB intérieur et un ESB extérieur. Ceci assure un isolement acoustique (DAtr) de 45 dB pour les parties pleines et de 35 dB pour les parties vitrées, munies de vitrages doubles, ce qui est bien suffisant compte tenu du trafic observé sur les voiries avoisinantes.