657 – PROJET “LOI 130” – Bruxelles

Rue de la Loi, 130, 1040 Bruxelles, Belgique 50°50’40”N / 4°22’32”E 240 530 m² ; 2018 ; (01/657). Concours sur invitation. Concours : Building specification Form D1

Services réalisés en tant qu’architecte et chef de projet :
  • Aménagement paysager (1)
  • Architecture (2)
  • Aménagement intérieur (2)
  • Ingénierie des structures (3)
  • Services d’ingénierie du bâtiment (4)
  • Acoustique (5)
  • Études du vent (6)

(1) avec LAND Italia

(2) avec Bouwschlager Eberle Architekten

(3) avec schlaich bergermann partner et Bollinger und Grohmann

(4) avec Deerns Italia

(5) avec A-Tech

(6) avec Von Karman Institute for Fluid Dynamics

Description :

DESIGN URBAIN

Une invitation pour les citoyens

Le nouveau complexe de la Commission européenne à Bruxelles a pour vocation de garder une place dans la ville qui soit représentative de son statut pour des dizaines d’années. La stratégie du projet repose dès lors sur un paysage bâti ordonné et durable, dont la forme est le fruit de son insertion dans le tissu urbain, de sa flexibilité, de sa rigueur constructive et de son impact environnemental minimal. L’humanité, la nature, la poésie, la créativité – la vie en quelque sorte – peuvent s’exprimer avec une liberté maximale au sein de cette disposition offerte par le tissu bâti.

Un quartier ouvert et perméable est mis en place de manière à intégrer des espaces publics et des immeubles sur le site, en bordure comme à l’intérieur du grand îlot. Il invite les citoyens à se rendre sur sa Place publique centrale (I), qui joue un rôle de lien vers et entre les quartiers riches en histoire. Ici, les mouvements à travers le quartier rejoignent l’accès aux bureaux des institutions pour les employés et les visiteurs, au métro, au parking de voitures et de vélos ainsi qu’aux crèches.

Les piazzas urbaines situées le long de la rue de la Loi (III) et de la rue Joseph II (IV) ont pour objectif de filtrer la circulation urbaine actuelle. Leur grande largeur permet également d’offrir suffisamment de place à la vie de la rue, à proximité de commerces, en intégrant la circulation des cyclistes et des passants, en quelque sorte des scénarios de marché traditionnel. La piazza urbaine orientée vers le sud le long de la rue de la Loi est protégé par un auvent vitré (145,8 m de long et 24,3 m de large) d’une hauteur de 25,2 m et équipé de modules photovoltaïques intégrés, ce qui permet d’équilibrer la protection contre le soleil et contre la pluie, sa translucidité et sa contribution énergétique pour les bâtiments. La piazza urbaine orienté vers le nord s’ouvre au quartier voisin et fournit un accès aux crèches. Celles-ci se trouvent au niveau de la rue et sont directement visibles depuis les arrêts.

La spacieuse place événementielle située sur la chaussée d’Etterbeek (II) est couverte et donne sur le jardin du Maelbeek, ainsi que sur les bâtiments actuels des institutions européennes, tout en permettant d’accéder au Centre des visiteurs. La nouvelle « place de Spa » (V) donne sur la rue de Spa et offre des endroits pour se reposer et accéder à des magasins et restaurants.

Configuration par rapport au soleil, aux quartiers et à l’histoire

Les volumes des bâtiments sont positionnés par rapport à leur potentiel et de manière à limiter leur impact sur l’environnement – strictement dans les limites de la règlementation.

Les deux tours sont séparées par une distance de 48,6 m afin de raccourcir les périodes d’ombre et de limiter leur impact visuel pour le quartier, tout en préservant une certaine cohérence entre les tours ainsi qu’une connexion économiquement raisonnable entre elles au-dessus du niveau du sol. Leurs positions absolues relient la petite tour au quartier situé au nord, et la grande tour au quartier situé au sud du site.

Deux ailes s’étendent à partir des tours vers les côtés est et ouest respectivement et sont reliées par des atriums vitrés. Ceux-ci encadrent deux zones latérales avec des bâtiments plus élevés qui abritent chacun des serres vitrées à leur sommet, maîtrisant encore plus l’impact de leur hauteur. Leurs bases s’étendent du côté est le long de la chaussée d’Etterbeek, et du côté ouest le long de la rue de Spa et de la rue de la Loi. Elles abritent également des serres vitrées à leur sommet et intègrent le bâtiment historique « Loi 78 » dans leur disposition.

Le faible volume des bâtiments du socle fournit un premier plan visuel pour les bâtiments plus grands en seconde ligne, selon les intentions de la règlementation.

Un environnement sans bruit, sans poussière et sans vent

Dans le but de permettre la mise en place d’un microclimat agréable au sein des bâtiments et des espaces publics, le grand auvent le long de la rue de la Loi, qui relie les bâtiments est et ouest du socle, est complété par de grands auvents vitrés d’une hauteur de 16,8 m qui débutent aux côtés nord des tours et qui reviennent vers un bouclier vertical de verre qui relie les deux tours. Tout le vitrage est en verre extra-clair.

Des simulations en mécanique des fluides et des études acoustiques, basée sur des données réelles relatives au bruit régnant dans la rue de la Loi et la rue Joseph II et réalisées  sur le modèle BIM du projet, ont confirmés les points suivants :

  • un environnement sans vent et sans bruit au niveau des piétons dans tous les espaces publics,
  • une diminution considérable du bruit pour les bâtiments situés sur le côté nord de la rue de la Loi,
  • un environnement sans bruit dans les tours.

Pour les bâtiments, des simulations supplémentaires démontrent que, en raison des persiennes de verre installées, la pression de l’air est suffisamment faible pour permettre l’ouverture des fenêtres et une ventilation naturelle au moyen de l’air dépourvu de poussière fourni par le courant d’air descendant.

Espaces publics ouverts

En vue de rendre le projet amical et acceptable pour la ville, plus de 45 % du site est conçu comme un espace non seulement ouvert, mais aussi public. Ces zones sont généralement pavées et des rangées d’arbres, plantés dans de grands cylindres cerclés de bancs, rythment leur structure spatiale.

Des jardins verticaux ornent les murs publics et les contours des rampes menant à la Place publique. Au niveau de la rue, toutes les façades donnent sur des commerces ou, sur les côtés est et ouest le long de la rue de la Loi, sur les « vitrines de biodiversité ». Bien que privées, les serres au sommet des deux bâtiments du socle côté rue de la Loi contribuent positivement au paysage urbain grâce à leur apparence vivante et à leur consommation de CO2. Elles fournissent des légumes pour les food courts et des fleurs pour les terrasses. Des espaces semi-publics sont intégrés sur les terrasses du niveau inférieur ainsi qu’au sommet des tours (dans les « lanternes de l’Union européenne ») et sont ouverts aux visiteurs, donc principalement au citoyen lambda.

Un site favorisant la mobilité humaine

L’aménagement paysager calme met en valeur la vie des piétons, qui cohabitent paisiblement avec le flux de cyclistes. Les deux chemins légèrement en pente ornés de végétation menant à la Place publique facilitent particulièrement l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Afin de simplifier l’accès et le passage sur la Place publique, un raccourci est mis en place du nord au sud sur le côté est de la petite tour. Ses escaliers sont pourvus de goulottes inclinées pour les vélos.

Accès restreint pour les véhicules

Les voitures et camions accèdent au bâtiment via la rue Joseph II. Deux arrêts de deux bus pour les crèches et quatre pour le Centre des visiteurs sont respectivement intégrés le long de la Rue Joseph II et de la Chaussée d’Etterbeek et sont toujours visuellement reliés à leur destination. Les véhicules de sécurité accèdent au bâtiment par la rue de la Loi et la rue Joseph II. Un emplacement pour les camions de pompiers est prévu le long des commerces du côté de la rue Joseph II, non loin des ascenseurs d’intervention et des issues de secours des tours.

ARCHITECTURE

Une structure en bois dans une enveloppe diaphane

Une structure en bois et acier dans une enveloppe diaphane faite de bois et de verre cristallin entourent délicatement les espaces éclairés et ventilés naturellement, les protégeant du vent et du bruit de la ville. Chaque étage dispose de terrasses fleuries.

Une nature cultivée

La culture se réfère au sol mais également à l’esprit. Le projet Loi 130 a l’ambition d’exposer les fruits de cette culture, à la fois du sol et de l’esprit, à travers une interprétation artistique de la nature cultivée.

L’essence même du concept de l’Europe repose en grande partie sur cette notion. En effet, plutôt que de poursuivre le chemin en solitaire et de laisser la nature choisir impitoyablement le plus fort, les nations européennes ont uni leurs forces pour cultiver un ensemble harmonieux, à l’instar d’une nature exaltée et améliorée.

Plusieurs endroits sont consacrés à cette expression, sur un mode autant pragmatique que poétique :

–  Les serres aquaponiques produisent de la nourriture (légumes et poissons) pour les restaurants ainsi que des fleurs pour les terrasses et, d’une autre façon, marquent la présence du bâtiment au sein de la ville, comme une couronne.

–  Les vitrines de biodiversité forment des façades de nature cultivée le long de la rue de la Loi.

–  Les jardins suspendus.

–  Les murs verticaux fleuris.

–  Les terrasses parsemées de fleurs à chaque étage des tours, où des fleurs, des légumes et des fruits sont cultivés, en rapport avec une série de natures mortes et d’œuvres d’artistes renommés issus des États membres.

–  Les terrasses d’angle, taillées dans les coins des tours et recouvertes d’une végétation abondante.

–  Les « loges d’art » suspendues sur les façades des tours constituent des refuges calmes, propices à la méditation ou à la contemplation des œuvres (natures mortes, photographies, sculptures ou toute autre expression artistique) réalisées par des artistes contemporains issus des États membres, chacun revisitant à sa manière la notion de nature cultivée.

Référence aux échelles humaines

La grande superficie du site (qui mesure 310 m de long sur 84 m de large et qui atteint une hauteur allant jusqu’à 164 m) est structurée en une approche multicouche de manière à faire appel à différentes échelles. Par analogie avec l’organisation du clavier du pianoforte, les volumes des bâtiments sont organisés et leurs éléments sont composés et détaillés les uns à la suite des autres par ordre de taille (km, hm, dam, m, dm, cm, mm), à l’instar des sept octaves du clavier du piano, et sont ensuite détaillés en douze notes respectives.

Avec le quartier pour l’échelle du km, les tours pour l’échelle de l’hm, les socles pour l’échelle du dam, les objectifs et le programme du projet alimentent les rythmes et la musique du projet. La stratégie pour un environnement agréable dans les étages des tours, exprimée au travers de l’analogie avec le piano-forte, se développe comme suit :

  • l’échelle du dam correspond aux larges terrasses tous les trois étages, conçues en tant que lieux de rassemblement, au pont entre les tours au niveau L20 et aux “lanternes UE” en verre aux étages supérieurs.
  • l’échelle du m correspond aux terrasses secondaires et aux « loges d’art », attribuant une identité individuelle à chaque étage.
  • les lits de fleurs sur les terrasses, les coursives extérieures et les persiennes de verre transparentes ainsi que les trumeaux, les linteaux et les fenêtres des façades en bois constituent une introduction aux échelles inférieures des dm, cm, mm.

Cette réduction graduelle des échelles de volume des tours s’avère très bénéfique pour l’organisation des plans de niveaux ainsi que pour les performances en physique du bâtiment.

La même stratégie d’échelle est utilisée pour les espaces publics :

  • les cheminées de ventilation naturelle des parkings, les rangées d’arbres, les multitudes d’escaliers et de pentes ornées de végétation, les écrans verticaux, ondulés et perforés, des garde-corps, les auvents vitrés ainsi que la rangée de drapeaux flottant le long de la rue de la Loi, pour les espaces publics.
  • les commerces et les vitrines de biodiversité, la couronne de serres, les arbres et les parterres de fleurs pour les socles.

Une organisation du site permettant une évolution par étapes

À partir de la Place publique, les deux aires de réception au niveau S01 (avec leur mezzanine au niveau L01) permettent d’accéder aux étages des tours. Les atriums I (Phase I) et II (Phase II) donnent accès aux Centres de Réunion, aux Food Courts et au Centre des Visiteurs.

Ces zones disposent également d’un accès secondaire vers les crèches, qui sont directement accessibles à partir de la Rue Joseph II et de la Place publique.

Le personnel accède au Centre d’accueil, et les visiteurs à la Place publique, à partir des parkings de l’UE situés sous les socles est (Phase I) et ouest (Phase II).

Le parking public pour voitures se trouve à un emplacement indépendant en dessous de la Place publique et est accessible à partir de la rue Joseph II et de la Place publique à l’entrée du métro.

À partir de la Rue Joseph II (S03, Phase I, S02, Phase II), il est possible d’accéder au quai de chargement, aux zones de support, au Food Court et aux ascenseurs de service.

Les deux cafétérias de 200 places avec des salles de réunion couronnent les deux tours.

Dimensions

Le plan s’articule sur une grille carrée de 1,35 m. La hauteur des étages est établie à 3,60 m, avec une hauteur libre de 2,70 m. Pour certaines fonctions nécessitant un taux d’occupation élevé, la hauteur des étages est augmentée : 4,80 m pour le Centre des visiteurs, 5,40 m pour les Food Courts et les Centres de réunion, 7,20 m pour la plupart des magasins. La hauteur des étages des niveaux de parkings pour voitures est réduite à 3,00 m.

Méthodologie

Le projet est entièrement développé en 3D (Revit®) afin de fournir une coordination spatiale parfaite et d’éviter dès le début les conflits ou impossibilités liés à la superposition.

CONSTRUCTION

Conception et ingénierie dans le respect de notre planète

L’approche en termes d’architecture et d’ingénierie a pour objectif de maximiser la durabilité à tous les niveaux. Certains objectifs poursuivis dans le projet mènent à certaines propositions qui, espérons-le, peuvent être perçues comme audacieuses, à la fois d’un point de vue technique et économique. Voici quelques exemples :

– essayer de faire un maximum d’économies de matériaux,

– essayer d’utiliser un maximum d’éléments démontables (en ce compris la structure et les fondations) pour toute la construction, afin de les réutiliser ou, si ce n’est pas possible, de les recycler,

– utiliser le plus possible la ventilation naturelle, avec un système de ventilation mécanique extrêmement limité réservé aux salles avec un taux d’occupation élevé,

– essayer d’utiliser l’inertie thermique minimale pour la construction en elle-même, en profitant de l’énergie stockée dans le sol et dans les énormes réservoirs d’eau, et de la distribuer ensuite uniquement où et quand cela sera nécessaire.

L’interaction avec la Commission lors d’une étape ultérieure du développement du projet permettra d’évaluer toutes les options proposées et de se mettre d’accord sur des choix alternatifs s’ils sont nécessaires.

En particulier, la structure en bois et en acier constitue un objectif poursuivi en raison de ses grandes qualités environnementales (basse énergie, démontable, économies en matériaux, rapidité de l’installation, etc.), sans toutefois être un absolu. En tenant compte du contexte industriel qui prévaudra au moment de l’appel d’offres, des solutions comme, par exemple, des planchers préfabriqués en béton de ciment CEM III/C (85 % de laitier) sont totalement concevables et respectent les mêmes garanties techniques.

Les nouveaux bureaux de la Commission européenne ont pour objectif de mettre en valeur leur respect pour la planète, avec l’aide de la culture, de l’art et de la poésie, soutenus par la science et la technologie.

Localisation:
Rendus
Panneaux
Perspectives
Maquette
Graphiques
657 - PROJET "LOI 130" - Bruxellessamyn