Page 45 - Tussen binnenstad en spoor - Leuven 2003
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               Entre le centre-ville et le chemin de fer

                __ Complexe de bureaux à Louvain 2003

MARC DUBOIS

Les développements sociaux ont souvent des              A la fin des années 80, les Chemins de fer belges      une position centrale, mais plutôt un concept de
répercussions sur les choix importants pris en          ont constaté qu’ils étaient propriétaires de nom-      développement traduit dans l’espace, qui autorise
matière d’urbanisme. Dans toutes les villes, y com-     breuses parcelles offrant un grand potentiel : un      des interprétations variables et crée la différencia-
pris Louvain, le développement du réseau ferro-         patrimoine immobilier qu’ils souhaitent développer     tion” 2. Le projet urbain n’est pas un plan urbanis-
viaire et la construction des gares au 19ème siècle     avec d’autres partenaires. Le plus gros projet belge   tique traditionnel; il s’agit plutôt d’une étude des
ont débouché sur la réalisation d’extensions            est précisément celui entamé autour de la Gare du      possibilités offertes par l’emplacement concret et
urbaines. La gare est devenue le nouveau cœur           Midi à Bruxelles. Mais des projets ont également       “une première formulation de la capacité de pro-
bouillonnant de la ville, le centre de la nouvelle      été initiés autour des gares d’Anvers, de Louvain,     grammation qui utilise les possibilités de ce site”. Le
mobilité. Après 1945, les gares ont progressive-        de Bruges, de Hasselt, de Gand et de Saint-            projet urbain oscille entre la planification structurelle
ment perdu leur place centrale dans le tissu urbain.    Nicolas. Certains sont restés à l’état de proposi-     et l’architecture. Le projet urbain, tel que Marcel
Toutefois, à la fin du XXe siècle, les gares et leur    tion, d’autres sont déjà dans leur phase de            Smets et son équipe de Louvain l’ont développé, est
environnement ont connu un nouvel élan. Face au         réalisation. Ce qui était encore exclu des discus-     né d’un mécontentement justifié face à l’instrumen-
gros problème de la mobilité et à la saturation         sions et considéré comme irréaliste il y a dix ans,    taire existant qui est disponible pour réaliser le déve-
accélérée de notre infrastructure routière, des voix    est désormais envisageable. En Flandre, la ville qui   loppement urbain. Un projet urbain donne naissance
s’élèvent depuis plusieurs années pour que l’on         a joué un rôle de pionnier dans la réhabilitation      à des PPA (plans particuliers d’aménagement) éla-
encourage les déplacements par chemin de fer.           des sites des gares est précisément Louvain.           borés de manière très rigide et précise.
Une prise de conscience croissante du problème          A l’étranger également, comme par exemple à
de la mobilité et de l’environnement a influencé les    Bâle en Suisse, on a opté résolument pour une          Les premières ébauches du projet urbain pour la
questions urbanistiques quant aux possibilités qui      optimisation de ces sites privilégiés afin de          zone de la gare datent de 1991. Le mérite revient à
pourront s’ouvrir à l’avenir aux zones des gares en     concentrer le besoin en bureaux autour des gares.      Marcel Smets d’avoir rassemblé les différents parte-
tant que points de jonction du réseau très dense                                                               naires (Conseil communal, Communauté Flamande,
de notre infrastructure ferroviaire. Au lieu de conti-  __ L’EXEMPLE DE LOUVAIN                                De Lijn, SCNB / Eurostation) directement concernés
nuer à laisser s’implanter de grandes entreprises                                                              par ce point de jonction urbain complexe afin d’ap-
du secteur tertiaire le long des autoroutes et dans     La transformation des abords de la gare de             préhender les problèmes d’une manière stratégique
des “parcs verts” reculés, les urbanistes, puis les     Louvain tient incontestablement lieu d’exemple         et de formuler de nouvelles propositions. Pour la
pouvoirs publics, ont plaidé en faveur d’une inten-     d’une approche urbanistique différente. A la fin       première fois en Belgique, une collaboration est née
sification des sites d’implantation autour des gares.   des années 80, l’Equipe de Projet Urbain de la         entre des entreprises publiques et des pouvoirs pu-
L’environnement des gares se voit désormais             K.U.Leuven a appréhendé, sous la direction du          blics pour aborder l’environnement de la gare, sti-
accorder une place de premier plan dans la dyna-        professeur Marcel Smets, une autre approche pour       mulés par l’équipe de projet et le conseil communal.
mique des villes. Le développement du réseau            aboutir à une stratégie urbanistique innovante qu’il   Sans cet engagement commun, tout grand projet ur-
TGV européen a encore renforcé ce développe-            résume par la notion de “Projet Urbain”1. Selon        bain est voué à l’échec. Le ralliement à un seul avis
ment au cours des années nonante.                       Bruno De Meulder, le projet urbain a pour objet :      des différentes exigences et attentes des partenaires
                                                        “de se profiler comme une manière d’étudier et         dans le cadre d’une opération urbaine de cette
                                                        d’intervenir dans la ville qui est bien plus large et  ampleur constitue le point de départ d’un processus
                                                        inclusive que l’architecture. Dans le projet urbain,   de développement complexe. Il n’y a que de cette
                                                        c’est moins l’architecture du bâtiment qui occupe      manière que pourra se dégager une synergie qui
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