Page 63 - Entre ombre et lumière
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Lumière, transparence et reflet
Les « miroirs aux couleurs »
La « lumière naturelle » ayant pénétré dans la
construction avec un minimum de perte de
qualité, la voilà à l’intérieur, rebondissant de
manière directe ou diffuse sur toutes les surfaces
qu’elle touche. Ces surfaces agissent elles-mêmes
comme des miroirs diffus réémettant une faible
portion de la lumière naturelle qui les atteint,
et leurs couleurs « teintent » les objets contenus
dans le volume qu’elles enclosent. Tout se passe
comme si notre perception de la nature et du
vivant nous rendait sympathiques et apaisantes
les réflexions des matériaux « naturels » tels que
le bois ou la pierre. Il en va de même des motifs
renvoyant à la faune et la flore, même reproduits
en peinture sur du papier ou des étoffes. Il en va
tout autrement des surfaces de murs peintes en
grands aplats de couleur uniforme, manifestation
d’un acte humain abstrait. Si elles ne sont pas
des expressions artistiques voulues, attendues et
offertes au regard, elles deviennent intruses et
perturbantes et ce, d’autant plus insidieusement
que la couleur s’y veut discrète. C’est ainsi que
les tons « blanc cassé » (le nom est bien porté)
ou les gris « distraits » perturbent profondément
la perception d’un espace. Cela fait longtemps
que j’exprime le souhait de pouvoir disposer
de peinture vraiment blanche, comme celle du
peintre (qu’il s’agisse de gouache, d’acrylique ou
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