Page 12 - MORPHOLOGIE DES STRUCTURES
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12 INTRODUCTION
L'accès à la démocratie pour tous les peuples de la planète, nécessaire à la cohabitation harmonieuse des six à huit
milliards d'humains au vingt et unième siècle, modifiera cet état de fait.
Les pays occidentaux auront à réduire graduellement mais substantiellement l'augmentation de leur consommation
énergétique pour permettre le développement des autres pays et payeront plus cher leurs matières premières.
Depuis la création de l'école polytechnique de Paris par Monge en 1795, et subséquemment la formation objective
au calcul des ingénieurs en Europe et en Amérique du Nord, l'accès à l'enseignement supérieur se généralise rapide-
ment en Asie et en Amérique Latine depuis 1950.
Les technologies de l'information et l'accès au savoir se développent également sans que l'on puisse maintenant en
imaginer les limites.
Les outils mécaniques, pratiquement inexistants dans les ateliers artisanaux et sur les chantiers il y a trente ans à
peine, sont à présent utilisés dans les zones les plus reculées et les robots font leur apparition.
Finalement, la gestion de l'environnement imposera le recyclage complet des constructions obsolètes.
L'augmentation du coût des matériaux et la nécessité du recyclage, la répartition généralisée du bien-être et l'éléva-
tion générale du niveau d'éducation et de compétence, associées à une intensification de la diffusion de l'informa-
tion sans précédent et à la généralisation de l'emploi de machines-outils et de robots, conduiront à la recherche de
structures à moindre volume.
2.3. LE CRITÈRE CULTUREL
La forme de l’enseinement des mêmes matières scientifiques, qui diffère fortement de région à région, et le curric-
ulum académique 4 des ingénieurs influencent de manière déterminante leur manière de penser et de projeter.
À titre d’exemple, il est frappant de constater les solutions différentes apportées par les ingénieurs aux ponts auto-
routiers en Europe alors que tous les critères non culturels sont à peu de choses près identiques.
2.4. LA TECHNOLOGIE APPROPRIÉE
La géographie, en ce compris la nature du sous-sol et le climat, influence aussi le critère d'efficience d'une struc-
ture.
L'igloo de glace au Pôle Nord, les maisons en pisé dans le M'zab Algérien ou en bois dans les forêts indonésiennes
voient aussi leur morphologie structurelle découler des propriétés du principal matériau disponible sur place.
La grande densité de population en Europe occidentale permet la production en centrale de la plupart des bétons
mis en œuvre, garantissant ainsi prix compétitifs et qualité. On constate par contre une préférence pour les structu-
res en acier ou en bois dans les zones moins peuplées telles qu'au centre des Etats-Unis.
Les premiers grands ponts suspendus n'ont été possibles qu'en bambou (tel celui de An-Lan sur les sols alluvionnai-
res de la rivière Min en Chine, construit au 3e siècle de notre ère, avec actuellement des portées libres variables
jusqu'à 61 m), ou en lianes (tel celui construit par les Incas en 1350 (détruit en 1890) à San Luis Rey, ancré dans la
roche au-dessus de la rivière Apurimac au Pérou avec une portée libre de 45 m).
2.5. LE CRITÈRE POLITIQUE
Les politiques générales des nations influencent aussi directement l'optimisation des structures par le rôle décisif
qu'elles jouent dans la vie économique et le choix des biens et services produits.
Ainsi, comme les navires marchands ou de guerre étaient en bois jusqu'au début du XIXe siècle, on peut compren-
dre que la sylviculture et l'industrie du bois jouaient un rôle important dans les économies nationales. Les maquet-
tes de bateaux qu'il est possible d'observer au musée naval de Greenwich en Angleterre permettent de se rendre
compte du développement extraordinaire de la technologie du bois depuis les bateaux précontraints des Phéniciens.
L'abondance de bois de qualité, de concepteurs et de main-d'œuvre qualifiée permettaient dès lors la mise en œuvre
4 L'étude du dessin, de la géométrie et de l'histoire du génie civil y est souvent très limitée.