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À l’intérieur de la lanterne, les plafonds des trois salles principales se
distinguent par une substructure métallique assurant la tension nécessaire
à l’amincissement des planchers et à la réduction des vibrations. Leurs
grandes corbeilles d’acier, déployées autour d’un tambour, font l’effet
d’une coupole renversée, inclinant sa courbure convexe vers le centre de la
composition. Bien que rigides et rectilignes, leurs tiges blanches et carrées
sont tressées à la manière d’une vannerie et rayonnent en une succession
de tangentes depuis le même anneau central. Elles sont disposées sur
deux plans superposés dont les lignes sont reliées au pourtour des salles,
respectivement dans un sens et dans le sens opposé. Il en résulte un
effet de torsion quasi hélicoïdale qui confirme la dynamique spatiale du
dispositif. L’ensemble se détache sur le fond polychrome du décor de
Georges Meurant. La belle orthogonalité de la composition picturale ornant
la surface du plafond se trouve animée visuellement par la rotation de ces
lignes métalliques et de sens alterné tout autour du tambour. Le profil en
coupe de ces exostructures souligne les courbes des contours elliptiques du
plan. Le volume ainsi créé et son accroche au milieu des salles produisent
tous les signes et expressions du détail constructif. Tracés, syntaxe
d’assemblage et superposition des strates de la structure, des revêtements
et des parachèvements forment conjointement les effets proprement
architecturaux, tels qu’issus dans l’espace à partir du dessin de conception.
Le plan elliptique des salles engendre un faisceau de qualités spatiales,
elles-mêmes jointes à tout un réseau de significations possibles. À nouveau,
c’est une forme ambiguë qui crée la valeur architecturale de ces lieux
dédiés aux rencontres entre gouvernants. Comme toujours, la fonction ne
peut épuiser le sens de la forme ; la forme ne peut s’expliquer par sa seule
destination. En architecture, explicitation fonctionnelle et signification sont
au mieux conjointes, elles ne peuvent être réduites l’une à l’autre. Dès lors,
il est nécessaire de laisser jouer tous les effets produits dans l’espace par
la forme, selon ces éventualités logiques et esthétiques qui appartiennent
alternativement à la perception sensible et à la typologie (laquelle unit des
figures à des significations au moins virtuelles) ; à une poétique constructive
et à une axiologie. L’ellipse est présente dès l’Antiquité romaine (le Colisée),
puis trouve certaines de ses plus hautes expressions architecturales à
l’âge baroque (Borromini à Rome ; Puget à Marseille ; Balthasar Neuman à
Wurtzbourg, à Vierzehnheilingen ; Dominikus Zimmerman à Steinhausen, à
Wies). On la trouve utilisée significativement dans le dessin des plans et des
voûtes, chaque fois que sont recherchés les effets conjoints de l’étirement
et de l’agrandissement apparent à l’intérieur de mesures très contraintes : la
perspective se déploie en plis et replis de l’espace, le long de lignes à la fois
continues visuellement et interrompues par les pénétrations réciproques
entre pièces contiguës. On pourrait dire : l’ellipse voudrait atteindre à la
perfection d’un cercle, mais au prix d’une déformation et d’un étirement
de la perspective.