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ELEMENTS EUROPA ENVERS ET ENDROITS DU DÉCOR 105

L’architecte met aussi au point un « gris poussière » destiné à rendre
inapparents les dépôts inévitables sur les membres exposés des structures
métalliques. La teinte propre du matériau importe avant tout – les
matériaux étant pour la quasi-totalité d’entre eux des produits manufacturés
et issus de procédés de synthèse, on ne peut évidemment parler de
couleur « naturelle » : seuls le bois de chêne des châssis de fenêtres et les
planchers posés font éventuellement exception, du moins si l’on néglige les
saturateurs et les lasures. Philippe Samyn écrit lui-même :

L’architecture, c’est l’espace tel que défini par les volumes et leurs
parois. L’espace est destiné à exister sur le long terme et l’architecte se
limite volontairement à définir la géométrie des parois et ses matériaux
constituants. Si la paroi est peinte, elle doit donc être neutre (entre
blanc pur et noir pur). En effet, la couleur appliquée sur les parois
modifie la perception de l’espace. Si une peinture y est appliquée, elle
agira sur les occupants et modifiera la perception qu’ils ont de l’espace :
c’est là œuvre d’artiste. Le « message » de la couleur s’ajoute à celui
donné par l’espace et le transforme. Ici, la plupart des grandes surfaces
qui n’ont pas de couleur « naturelle » (comme c’est le cas pour les
parquets et les surfaces vitrées) sont revêtues des aplats que Georges
Meurant utilise pour provoquer « l’induction figurale » : les plafonds
en feutre teinté absorbant acoustique ; les tapis en laine teintée ; les
revêtements de portes en stratifié imprimé ; les gaines d’ascenseurs en
panneaux de PVC imprimés (cabines vitrées). Chaque application utilise
un matériau spécifique adapté à sa fonction.

Sur le plan technique, le traitement architectural de la couleur suppose
des adaptations savantes à des fonctions, à des types de support et aux
conditions parfois extrêmement exigeantes de la mise en œuvre.