Page 13 - MORPHOLOGIE DES STRUCTURES
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INTRODUCTION 13
de structures statiques très performantes en bois, et ce depuis les temps les plus reculés ; on pense aux charpentes
des bouleuteria romaines aux portées libres allant jusqu'à 28 mètres.
L'avènement de la production industrielle de l'acier, à partir du premier quart du dix-neuvième siècle, incita les gou-
vernements des pays qui en disposaient à favoriser son emploi au détriment du bois. Les canons et les bateaux en
acier permettaient de répondre à leurs visées expansionnistes et, dans le secteur de la construction, l'aventure extra-
ordinaire de la révolution industrielle s'affirma principalement comme celle des charpentes en acier. La période
allant de 1830 à la première guerre mondiale fut, à ce sujet, d'une fécondité conceptuelle inconnue jusqu'alors dans
l'histoire de l'humanité : les structures optimales étaient en acier et le bois réduit à étayer les mines de charbon.
L'effort de reconstruction nécessaire après la seconde guerre mondiale, en conjonction avec la destruction de
l'appareil de la production d'acier, a incité toutes les nations européennes à promouvoir l'emploi du béton dans le
secteur de la construction et à réserver l'usage de l'acier aux équipements industriels et mécaniques. Alors qu'au
même moment, avec un outil industriel intact, le gouvernement fédéral américain pouvait poursuivre le développe-
ment de son infrastructure en se basant sur la construction métallique. Dans les années soixante donc, la structure
optimale était en béton en Europe et en acier aux États-Unis.
2.6. LE CRITÈRE LÉGAL
L'environnement légal et réglementaire, variable selon la région, influence aussi les critères d'efficience structu-
relle. C'est ainsi que les prescriptions relatives à la résistance au feu peuvent être très différentes d'un pays à l'autre
et susciter des réponses divergentes à la même question.
Les règlements d'urbanisme peuvent également limiter la recherche d'une solution structurelle optimale au profit
d'autres considérations, par exemple esthétiques.
2.7. LE CRITÈRE D’URGENCE
Le délai imposé à la réalisation d’une structure ou l’urgence peuvent avoir une influence non négligeable sur l’éva-
luation de son efficience.
Ils réduisent d'abord le temps normalement nécessaire aux études et à la réflexion, ce qui force l’auteur de projet à
se baser uniquement sur son acquis intellectuel préexistant (ou celui d’autrui) et exclut la recherche d’optimums
non usuels.
Il peut ensuite imposer l’usage de composants produits rapidement, à l’aide de matériaux immédiatement disponibles.
2.8. LE CRITÈRE ORGANIQUE
À l'exception des barrages et digues, ponts et tunnels ou tours de télécommunication, rares sont les constructions
limitées à la structure.
L'efficience se mesure dès lors aussi dans l'harmonie avec laquelle la structure est intégrée au complexe bâti qui est,
par essence, hautement organique.
La cohérence de cette interaction, au-delà du coût de la structure proprement dite, peut donner lieu à des économies
importantes sur les autres éléments de construction et améliorer leur efficience spécifique.
Cette intégration aura aussi une influence directe sur le coût d'entretien et de maintenance de l'ensemble.
2.9. PLUSIEURS MATÉRIAUX
L'emploi conjoint de plusieurs matériaux permet souvent d'alléger ou d'augmenter l'efficience d'une structure mais
parfois au détriment de sa pérennité.
La maçonnerie voit sa résistance augmenter par l'emploi de mortier de ciment au lieu de mortier de chaux, mais
perd en ductilité.