19
EUROPA
DU RÉSIDENCE PALACE à EUROPA
Le projet europa témoigne du rôle renforcé de l’Union. Il est loin cependant
des architectures somptuaires des palais présidentiels ou des grands emblèmes
urbains qui symbolisent le pouvoir à peu près partout en Europe. L’insertion
du futur bâtiment dans les tracés existants et son encastrement à l’arrière des
façades historiques du Résidence Palace concentrent sur lui les paradoxes de
l’urbanisme bruxellois. À première vue, la règle urbaine n’a pas empêché que se
dressât le long de la rue de la Loi un décor architectural totalement disparate : la
bousculade des architectures de bureaux, élevées tour à tour au fur et à mesure
que se sont accrus les besoins immobiliers de la Commission, du Parlement et
du Conseil. En réalité, dans ce quartier, si l’on se place dans le sens de l’artère
principale, les maigres effets de perspective qui y sont ouverts depuis le Parc du
Cinquantenaire ne suffisent pas à réprimer l’impression d’un capharnaüm urbain.
En revanche, si l’on considère l’épaisseur des « îlots » et les profils d’immeubles
rehaussés par la déclivité du sol et des rues, on comprend que le désordre des
architectures n’est finalement compensé et rythmé que par les ruptures
d’échelles des plus grands bâtiments. En ce sens, l’ancien Résidence Palace,
rompant autrefois avec un tissu de maisons implantées sur la ligne de rupture
de pente, fut bien le précurseur d’une révolution urbaine, celle qui substituait
l’échelle violente de cet ensemble Art déco à la tradition mi-rurale mi-urbaine
des anciens tracés.
Carte d’autorisation de visite
du chantier signée par Michel
Polak, 1925. Collection privée.
Ouvriers travaillant sur
le chantier du Résidence
Palace in
Le Home
, mars
1925.
Plan d'implantation de l'ensemble Résidence Palace in
Le Home
, mars 1925.
