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EUROPA
Bâtir l’Europe, une métaphore architecturale
En explorant les entrailles d’un édifice en devenir au cœur de la capitale
européenne, le Centre International pour la Ville, l’Architecture et le Paysage
concrétise les trois thématiques qui définissent ses missions.
Loin de n’exister que par sa seule façade visible depuis l’espace public, une
construction est essentiellement constituée d’une structure reposant sur ses
fondations. La qualité intrinsèque des éléments dessinés par les concepteurs
s’exprime bien par l’enveloppe du bâtiment, seule partie perçue dès l’abord par
les passants. Mais la véritable dimension architecturale échappe à l’œil de la
plupart et reste invisible.
Le bâtiment Europa présente une composition sophistiquée qui a dû intégrer de
très nombreuses contraintes : sa localisation dans un ensemble urbain pour le
moins chaotique issu d’une histoire urbanistique erratique ; son dialogue avec un
bâtiment patrimonial exceptionnel. Le Résidence Palace, dessiné par l’architecte
Michel Polak et construit entre 1924 et 1927, en recevant cette extension majeure,
s’intègre désormais à un édifice unique.
Le Résidence Palace a connu de nombreuses vicissitudes depuis sa construction.
La Seconde Guerre mondiale a été fatale à la résidence de prestige, qui offrait
à ses occupants des services multiples, à l’instar de ses modèles américains. Le
bâtiment n’aura dû en fin de compte sa survie qu’à sa conversion en bureaux.
Le quartier Léopold dont il borde l’une des perspectives fut lui-même bouleversé
par la désaffection de ses splendides hôtels particuliers. Le départ de leurs
habitants a laissé place à des employés qui regagnent leurs pénates le soir venu.
Pendant ce temps, le rôle européen de Bruxelles s’est affirmé et développé,
en concomitance avec les mutations urbaines à l’œuvre dans ce secteur de la
géographie bruxelloise. Depuis le premier bâtiment emblématique, construit à
l’emplacement du couvent des Dames de Berlaymont, les progrès des institutions
européennes se sont progressivement inscrits dans la pierre selon des fortunes
architecturales diverses et dans un périmètre relativement restreint. Chaque
nouvel édifice représente un pas supplémentaire dans l’évolution politique de
l’idée européenne.
On se souvient qu’autrefois, le choix de projets architecturaux destinés à des
enceintes internationales a presque toujours été soumis à la prédominance des
styles du passé. Ainsi en va-t-il du style néo-Renaissance pour le Palais de la Paix,
siège de la Cour permanente d’arbitrage et de la Cour internationale de justice
à La Haye, œuvre de Louis-Marie Cordonnier ; ou du classicisme de l’École des
Beaux-Arts pour le siège de la Société des Nations, pour le concours duquel
fut déclenchée une immense polémique, après que furent ignorés les projets
PRéFACE
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