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une corolle. Ce choix de base contribue à la hiérarchisation de l’ensemble de la
composition selon une organisation tripartite : les espaces directement attenants
aux façades classées du Résidence Palace ; la clôture du site grâce aux façades
en patchwork ; et, en équilibre près du milieu de l’atrium, une tour regroupant les
fonctions principales. Le programme des salles de conférences suggère des pla-
teaux de différentes tailles, induit un profil variable selon les étages : le dessin de
la lanterne illustre et synthétise l’empilement des fonctions.
Aux salles prévues pour les conférences ou les cérémonies s’ajoutent en paral-
lèle, hors de la lanterne et sur le flanc ouest de l’atrium, placées au-dessus d’une
structure de pont (grandes poutres Vierendeel) qui enjambe la couverture des
ouvrages souterrains, une ou deux salles de réunions par étage, de 36 à 50 places
chacune, en intégrant les doubles niveaux. C’est depuis certaines de ces salles,
on le devine, que s’ouvriront les meilleures vues, rasantes ou plongeantes, sur les
formes de la lanterne.
Les plans et les coupes du projet, représentant les pièces superposées, donnent
vaguement l’image d’une tour de Babel, mais libérée de sa confusion. La place
occupée par les interprètes, disposés en couronne autour de chacune des salles,
témoigne de l’extravagante contrainte linguistique que l’Europe s’applique à elle-
même, et de l’énergie qu’elle consacre à la compréhension réciproque de tous
ses membres : Babel, cette fois, ne sera pas disloquée ni ruinée. Sa tour lanterne,
solidement arrimée au sol, semble augurer une Europe multilingue et pacifiée,
qui, à force de diplomatie et de tension démocratique, aura réussi à donner
forme, ni triomphante ni humiliée, à son idéal cosmopolitique. Le bâtiment est
dédié aux sommets des chefs d’État et de gouvernement, mais avec eux et leur
faisant cortège, aux innombrables réunions de travail et de négociations qui sont
la trame et la chaîne d’une responsabilité perpétuellement redistribuée et d’une
présidence nationale tournante. La jauge de ces salles en mesure le rôle sinon
l’autorité : chacune réunira davantage de personnages qu’un cénacle ou une
commission ; mais moins qu’un parlement.
Les plans d’étages montrent une succession d’ellipses. La lanterne occupe
une position sensiblement décentrée à l’intérieur de l’atrium. L’étirement lon-
gitudinal de chacun de ses plateaux, ellipses aux dimensions croissantes puis
décroissantes, crée, tel qu’on le percevra depuis le sol, un effet visuel asymétrique.
Celui-ci reste pourtant le produit d’une structure rigoureuse et symétrique. Les
centres sont superposés et les axes majeurs et mineurs sont placés sur les mêmes
plans verticaux. Les trois salles de conférences organisent respectivement trois
doubles niveaux, la plus grande prenant place dans la partie la plus dilatée et
la plus ample de ce grand corps de verre. L’organisation sur deux étages de
chacune des salles principales présente l’avantage de permettre la superposition
des loges d’interprètes. Cette disposition améliore la convivialité et le dialogue
visuel entre les participants et leurs traducteurs. Les salles sont en communi-
cation étroite avec les bureaux tout proches, répartis sur les faces internes du
Résidence Palace, bien qu’elles puissent en être isolées lorsque les mesures de
sécurité l’imposent.
Axonométries des structures métalliques des planchers de la lanterne, 2012.
DES ELLIPSES DE VERRE
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