Page 24 - LA CASERNE DES POMPIERS (FR)
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C’est également en 1961 que le ministère de la Santé publique             F. : « Mes anciens collègues me pressaient de revenir travailler
crée les Centres de secours médical, le « Service 900 », attachés         avec eux. Mais je pensais que je ne pourrais plus jamais réincor-
aux corps des pompiers, dont celui de Charleroi qui reçoit une            porer le Service incendie. Un jour, mon ancien officier, un lieute-
ambulance, conduite par quelques sapeurs désignés dans une                nant, est venu me voir pour me présenter le document de demande
tournante.                                                                d’incorporation prérempli, que je me suis empressé de signer. J’ai
                                                                          repassé toutes les épreuves pour rejoindre le corps des pompiers.
F. : « L’un des moments marquants de ma vie de pompier ? C’est            Enfin ! Je pouvais à nouveau répondre à mon rêve d’enfant, deve-
notamment le déménagement de l’hôtel de ville vers l’Arsenal,             nu mon rêve d’adulte !
comme nous l’appelions. Tout y était flambant neuf ! On y croisait        Entre-temps, une revalorisation barémique avait impacté posi-
rarement quelqu’un, tellement c’était grand pour les 18 membres           tivement les rémunérations des pompiers. Je recevais donc un
de chacune des deux compagnies ! C’était même assez vide.                 salaire décent me permettant de vivre. »
À tel point que nos couches nous étaient attribuées. »
                                                                          À cette époque, sans doute en raison d’une activité variable durant
En 1962, à peine un an après son incorporation, François va en            leurs gardes de 24 heures à la caserne, les pompiers, divisés en
effet déménager, avec ses collègues, de l’hôtel de ville vers les         deux compagnies, prestent 73 heures hebdomadaires (à rappro-
caves du Palais des expositions de Charleroi, jusqu’alors utilisées       cher des 45 heures hebdomadaires du secteur privé), jusqu’en
comme patinoire publique, comme en témoignent encore les pan-             1981, où l’extension de deux à quatre compagnies réduit leurs
neaux publicitaires et les châssis vitrés de la buvette de l’époque,      prestations. Les pompiers travaillent 24 heures et récupèrent
transformée depuis lors en vestiaires. C’est la caserne centrale de       durant 72 heures.
la rue de l’Ancre, où les pompiers sont divisés en deux compagnies
qui se relaient toutes les 24 heures.                                     F. : « C’était bien plus confortable ! J’étais heureux dans ma vie de
                                                                          pompier. J’ai passé les divers cours et épreuves que le ministère
Un système d’interphonie y est installé et un local spécial est           de l’Intérieur organisait pour monter en grade. J’ai terminé ma
aménagé pour l’installation de tables d’écoute avec enregistreurs         carrière comme capitaine. Il y avait un véritable esprit de famille.
et un matériel hypermoderne (pour l’époque) destiné au Service            Nous étions un petit nombre, on se connaissait tous. On connaissait
900, auquel quatre membres du personnel (des éclopés ou des               les épouses, les enfants, même les frères et sœurs de nos collègues ! »
personnes en fin de carrière) sont affectés et répartis entre les
deux compagnies.                                                          Jusqu’au début des années 1970, le Corps des sapeurs-pompiers
                                                                          de Charleroi est placé sous le commandement du commissaire
F. : « Les interventions de nuit de plus en plus fréquentes               principal de la police.
m’empêchaient d’assurer correctement mon travail de
typographe. C’est ainsi qu’à contrecœur, j’ai dû me résoudre              C’est en 1970 que les pompiers de la caserne de Jumet sont
à démissionner comme pompier ! C’était très dur pour moi !                incorporés à la caserne de Charleroi qui voit sa zone d’intervention
À chaque retentissement de la sirène, je sursautais. J’avais              s’étendre, avec les difficultés inhérentes aux temps d’intervention.
les larmes aux yeux chaque fois que je voyais un véhicule                 L’acquisition ultérieure (en 1986) du poste avancé de Jumet per-
d’intervention, une ambulance ou un camion de pompiers. »                 mettra de résoudre ce problème, en offrant une seconde implanta-
                                                                          tion au Service régional d’incendie, en face de l’ancienne aérogare
Il sera mis fin au principe de détachement de « policiers-pompiers »      de l’aéroport de Gosselies qui ne dispose pas d’un service incendie
dans les casernes par plusieurs recrutements de pompiers.                 interne des pompiers d’aéroport.

À l’époque, aucune loi ne régit l’organisation des Services incendie. Il  Les deux implantations du Service régional d’incendie (l’arsenal
faut attendre l’aube de 1964, avec la loi du 31 décembre 1963, pour voir  des pompiers de Charleroi et le poste avancé de Jumet) protègent
les Services incendie, alors communaux, enfin réellement organisés.       onze localités (Aiseau-Presles, Charleroi, Châtelet, Courcelles,
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