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EUROPA
Le gabarit de la lanterne ne pouvait dépasser 58,20 m (limite sommitale imposée
par le règlement d’urbanisme), et les hauteurs d’étages sont réglées sur celles
du Résidence Palace. Il a fallu concevoir une structure capable de reprendre
les efforts verticaux et latéraux de cet empilement de plateaux. Au moment du
concours, les poutres étaient d’une épaisseur monstrueuse : 3 m. Une réflexion
féconde au sujet des poutres Polonceau [voir les travaux de Philippe Samyn,
ingénieur, à la
Vrije Universiteit Brussel,
et son ouvrage
Étude de la morphologie
des structures à l’aide des indicateurs de volume et de déplacement,
Académie
royale de Belgique, Classe des Sciences, 2004] a conduit à des choix morpholo-
giques autrement plus élégants, et de grande intelligence structurelle. Les efforts
des planchers sont repris et supportés par les colonnes disposées à la périphérie
de la lanterne, grâce à une membrure métallique rayonnant depuis le centre
des plateaux. Les plafonds des plus grandes salles exhibent la substructure de
ces planchers, réalisée avec des plats en acier, croisés entre eux et se distribuant
depuis un tambour central. Leurs corbeilles aériennes évoquent, comme en
miroir et en trois dimensions, le pavement michelangelesque du
Campidoglio.
Les plafonds de Georges Meurant offrent un fond de couleurs à l’entrelacement
de ces lignes de force, analogues à une vannerie de métal ; ils contribuent à
rendre perceptible la tension qui anime l’ossature et autorise l’amincissement
des planchers ; ils en donnent une vision apaisée. C’est l’un des aspects essentiels
de la philosophie constructive de Philippe Samyn : le contrôle de la solidité et de
la mise en sécurité d’un bâtiment oblige à raidir le système ; l’architecture à en
conserver la souplesse. Or, on obtient la raideur soit par la quantité de matière
soit par la géométrie. La solution adoptée consiste à augmenter la fréquence
propre des planchers, à la manière dont on tend les cordes d’un instrument de
musique. La liaison des planchers aux colonnes fait l’objet de détails d’articulation
qui en assurent le comportement à la fois statique et dynamique.
DES ELLIPSES DE VERRE
Foyer R1. Plafond par Georges Meurant. 2013.11.20
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