Page 9 - Entre ombre et lumière
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Introduction
Les sens et le paradoxe
La jouissance des cinq sens est essentielle pour,
comme l’écrit Merleau-Ponty « … qu’avec mon
corps se réveillent les corps associés 7 ». C’est par
les cinq sens que l’architecture, activité du corps
et de l’esprit de l’homme, acquiert sa réalité dans
le monde.
Mais la culture oculocentrique de Platon
(~428 à 348 av. J.‑C.) nous place dans une
caverne où l’ombre et le reflet, même lorsqu’ils
convoquent in extremis l’écho sonore, comme
le décrit de manière si inspirante Victor Stoi-
chita 8, font abstraction du toucher, de l’odorat
et du goût.
Suis-je donc prisonnier de cette caverne ? La
réponse est à la fois positive et négative.
D’une part, il faut l’admettre sans remords,
cet ouvrage ne peut viser à couvrir l’ensemble
du champ architectural. Il s’attache à un aspect
seulement de l’art de construire, lequel se déve-
loppe essentiellement pour ne satisfaire que la
vue et l’ouïe. Pas besoin d’invoquer, comme pour
s’excuser, un effet de dématérialisation provo-
qué par les nouvelles technologies de la « réalité
virtuelle » : les réflexions qui suivent, elles-
mêmes, couchées sur papier, ne se lisent qu’avec
7 Maurice Merleau-Ponty, L’œil et l’esprit, préface de Claude
Lefort, Paris, Gallimard, Folio essais, 1964, p. 13.
8 Victor I. Stoichita, Brève histoire de l’ombre, Genève, Librairie
Droz, 2000.
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