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EUROPA
Construction durable : Valideo
Le développement d’un ensemble immo-
bilier destiné aux plus hautes instances de
l’Union européenne ne pouvait pas avoir
lieu, à la naissance du XXI
e
siècle, sans une
attention particulière portée à la construc-
tion durable. Les premiers avant-projets se
sont dessinés alors que SECO et le CSTC
mettaient sur pied un partenariat pour doter
la Belgique d’un référentiel en construction
durable pour les bâtiments. Il était évident
que ces deux efforts devaient se rencontrer.
Le référentiel baptisé Valideo et le projet du
bâtiment se sont donc nourris l’un l’autre
dans une fructueuse collaboration. L’objectif
final était de certifier avec objectivité la mise
en application dans le bâtiment des solu-
tions durables retenues par les auteurs de
projet. Le challenge du développement en
parallèle et l’esprit de collaboration entre les
équipes ont permis d’enrichir mutuellement
les deux démarches. Les ingénieurs de SECO
ont pu apporter, grâce à leur expérience
de terrain, une contribution aux solutions
techniques innovantes ou audacieuses qui
ont émaillé tout le processus de conception
et de réalisation du bâtiment.
La volonté de certifier un bâtiment à un haut
niveau demande un vrai travail en profon-
deur tant dans le développement que lors
de la réalisation. Des solutions cosmétiques
ne sont pas suffisantes, c’est dans le cœur
même de l’objet qu’il faut aller chercher les
éléments durables. Seul l’usage habile d’un
référentiel holistique tel que Valideo a pu
permettre d’évaluer la dimension environne-
mentale de ce projet.
Texte rédigé par
SECO
sous la coordination
de Ir
Pierre Spehl
S’il est vrai que « Bruxelles est en Europe, mais que l’Europe n’est pas
à Bruxelles » (Hanz Magnus Enzensberger), il n’empêche que cette Europe
qui peine à se faire reconnaître par ses propres citoyens gagnera en crédibi-
lité et en visibilité dès lors que sa propre culture politique saura s’illustrer. Alors
que l’Europe est loin des traditions typologiques qui furent la marque de son
architecture civile, elle doit inventer le cadre de sa représentation et former
d’elle-même une image moins pâle, moins étroitement fonctionnelle, mieux
résolue que ne le sont ses effigies monétaires, son drapeau ou son sabir tech-
nocratique. L’originalité d’Europa, ses ambiguïtés mêmes, sont le signe d’une
forme et d’une culture politiques qui se cherchent – reflétées par l’archi-
tecture du bâtiment : s’appuyant sur un patrimoine rénové ; pivotant sur lui-
même pour faire face à ses voisins ; donnant prise par la modénature de ses
façades nouvelles à tout le jeu des interprétations et du dialogue des formes
urbaines ; abritant un foyer à peine moins visible mais sûr de son efficacité
symbolique ; exposé à la vue, rayonnant même, tout en étant protégé.
La composition de l’ouvrage d’architecture et les étapes de sa construction disent
assez les richesses du projet : restauration etmodernisation des parties anciennes
du Résidence Palace, honneurs rendus au prestige passé d’un ensemble de
bâtiments conçus dans l’insouciance et les illusions de l’Entre-deux-guerres ;
excroissance nouvelle, dilatée comme l’enveloppe d’un aérostat, amarrée en
bordure de la si bien nommée rue de la Loi, et encagée derrière les deux pans
d’un vitrail assez héroïque pour assumer à lui seul les rôles du mur et de la
fenêtre, de la structure et de la parure, du bâti et de l’ornement.
JEAN ATTALI
, novembre 2013
travaux en cours