© Photo: Robin LEJEUNE
527 – MAISON DE REPOS À RHODE-SAINT-GENÈSE
Rhode-Saint-Genèse, Belgique.
50°44’35,14″N/4°20’55,55″E
5.986 m² de construction neuve + 1.200 m² de rénovation lourde/extension ; 2007 – 2016 (01/527).
• Aménagement des abords.
• Architecture.
• Aménagements intérieurs.
• Ingénierie en stabilité.
• Ingénierie des techniques spéciales.
• Gestion du projet.
• Économie du projet.
La nouvelle maison de repos du CPAS de Rhode-Saint-Genèse, “de Groene Linde” (“le Vert Tilleul”), offre un nouveau chez-soi à 84 résidents dépendants ou atteints de démence sénile.
La maison de repos trouve discrètement sa place parmi les bâtiments et les fonctions existant sur le site. Elle se raccorde à l’actuelle maison de repos, qui sera transformée ultérieurement pour accueillir un ensemble de logements supervisés.
Avec ses bâtiments en ordre dispersés, le site ressemble à un village, que les habitants peuvent parcourir à pied en tous sens.
La disposition en escalier du bâtiment participe également à ce sentiment de village.
Le nouveau bâtiment suit le relief naturel du terrain, ce qui présente l’avantage de limiter les terrassements au strict minimum.
L’ensemble des bâtiments, anciens et nouveaux, s’organise autour d’un jardin clos comprenant une pièce d’eau, deux rangées d’arbres et des haies en terrasses.
La zone d’accueil est traitée avec un soin particulier. Lieu de rencontre par excellence des résidents, elle les voit chaque jour s’y installer pour bavarder et observer les allées et venues des visiteurs. Tout autour, les espaces commerciaux et les services administratifs produisent une animation bienvenue.
La forme du nouveau bâtiment est telle que les différentes unités de soins sont interchangeables. Elle confère à l’ensemble une flexibilité maximale, aussi bien à court terme qu’à longue échéance.
Chaque unité accueille 14 résidents, dans des conditions aussi proches que possible de la vie de famille. Chaque unité dispose d’un espace de séjour équipé d’une cuisine généreusement dimensionnée et où se déroulent les activités communautaires, telles que faire la cuisine ou regarder la télévision. Le personnel soignant peut observer les résidents sans sortir de son local, tout en préservant l’intimité des résidents.
Conformément aux normes, chaque paire d’unités dispose de sa propre entrée et de son jardin privatif ou de sa propre terrasse.
La maison de repos est conçue comme une résidence communautaire personnalisée, en évitant toute référence à une institution médicale, avec ses longs couloirs morts, cette référence étant néfaste sur le plan de la qualité de la vie, de la convivialité et de la perception.
C’est pour cette raison que la longueur des couloirs est réduite, en subdivisant chaque unité en deux sous-unités, et que des points de vue multiples y sont créés.
Les fins de couloir sans âme sont également évitées en y créant des espaces de rencontre ou de kinésithérapie plus intimes.
Chaque résident a le choix de participer à la vie collective dans les espaces communs ou de se retirer dans sa chambre individuelle. C’est la raison pour laquelle la taille des chambres est suffisamment grande. Chacune d’elles dispose d’une fenêtre d’angle. Les résidents profitent ainsi d’une plus belle vue sur leur environnement extérieur et d’un meilleur éclairement naturel.
Une cloison constituée de panneaux mobiles est disposée entre les parties « vie » et « sanitaires » de chaque chambre. Ceci facilite grandement le travail d’accompagnement du personnel soignant, en particulier en ce qui concerne les soins corporels des personnes à mobilité très réduite.
Tous les espaces sont, autant que possible, éclairés naturellement. Ainsi par exemple, la cage d’ascenseur, réalisée en tôles de métal perforé, laisse pénétrer la lumière et permet la vue vers le jardin intérieur.
En matière de construction durable, la maison de repos est conçue comme un immeuble étanche à l’air et fortement isolé. L’eau de pluie, qui est récupérée dans des citernes de 93 m³, alimente les appareils sanitaires et permet un rafraîchissement adiabatique.
La façade est revêtue de panneaux de fibre-ciment de couleur grise et de lames de bois blond protégées par des seuils continus en acier inoxydable.
Après la construction de la nouvelle maison de repos, il a été décidé de rénover complètement et dans le même esprit l’aile existante conservée et abritant 27 résidents.
Le décor des façades constitue un “patchwork” hautement coloré. Les couleurs sont disposées en une grille orthogonale constituée de dalles monochromes juxtaposées contigûment selon les plans de l’architecte, agencées par le peintre selon une algorythmique évolutive complexe qui règle la succession des teintes dans les deux axes. Des répétitions d’une même couleur dans un axe amorcent des mouvement verticaux ou latéraux; des répétitions dans les deux axes forment des pôles de fixation. Ces ensembles locaux rompent la régularité de la grille.
L’ensemble interprète une composition originale de 420 x 34 unités conçue en continuité. Il s’agit d’une combinatoire structurée par des jeux de symétries locales particulièrement étudiés. Les variations de teinte, de saturation et/ou d’intensité exercent simultanément et successivement deux fonctions opposées : les couleurs sont soit associées harmoniquement, soit dissociées par contrastes. En résultent des résonnances, des transparences, des continuités et des ruptures, qui tantôt dynamisent, tantôt tempèrent la prégnance de la composition.
Si bien que la surface plane est dotée d’une spatialité singulière. Il s’agit d’un espace instable, où ce qui apparait un moment comme forme sur fond est ensuite perçu comme le fond dont se détachent les formes – ceci en fonction d’associations locales aperçues ou éprouvées sans qu’il soit jamais possible de prendre en compte une totalité. Les permutations ou transmutations de la perception de l’espace sont toujours locales et temporaires, constantes et imprévisibles.
Cette tension spatiale singulière est maîtrisée, calibrée. Dans sa progression autour des bâtiments, le décor développe une polychromie marquée par la mutation par phases de couleurs dominantes. Cette mutation souligne la découpe en “papillon” du nouveau bâtiment dont les avancées et retraits contractent la succession colorée – la perception des phases en est d’autant accélérée. Les façades exposées au parc extérieur offrent le recul d’une vue d’ensemble. Les espaces à demi ouverts entre les éléments du bâtiment créent des micro-phases dont la spécificité chromatique relève du rétrécissement du point de vue. Le décor poursuit sa progression combinatoire sur les façades des bâtiments anciens rénovés, qu’il contribue à intégrer aux constructions nouvelles par des successions plus étales accélérées par une réduction de la largeur des surfaces colorées. Un jardin intérieur planté d’arbres offre aux pensionnaires des vues en vis-vis.
L’ensemble du décor contribuera à humaniser le home, (un édifice imposant par ses dimensions), tant par son aspect général que par une succession d’aspects à mesure individuelle ou personnelle. Ce décor est conçu pour présenter une diversité de sous-ensembles découpés par la disposition de la construction en autant de compositions bien différenciées qu’il y a de points de vue depuis l’intérieur des bâtiments. Les pensionnaires verront par les fenêtres telles compositions familières, des repères pour se situer mutuellement au sein du bâtiment. Mais ce décor restera une énigme offerte à la vue. Personne n’aura jamais l’impression de le connaître, tant les interactions entre les couleurs diffèrent selon les contrastes et affinités déterminés par les variations de la luminosité du matin au soir et selon les saisons.
À qui s’étonnerait de l’audace chromatique de ce projet, faut-il plaider pour un spectacle à hauteur de l’environnement couvert de pelouses et planté d’arbres. L’ordre, la rythmique et la régularité architecturale du bâtiment suffisent à encadrer fermement le décor, à en canaliser les flux chromatiques. Préférerait-on que ces régularités scandent des surfaces inertes, d’une neutralité administrative, murs atones ou monochromes de surfaces considérables ? Le Home a vocation à accueillir les personnes âgées. Mieux vaut que le décor extérieur de ses bâtiments suscite leur sensation – une telle activité contribue, paraît-il, à retarder ou inhiber les affections dégénératives du système nerveux, de nos jours en forte croissance dans nos populations. Les pensionnaires qui s’intéresseront à ce décor vivront plus – ils vivraient moins ou moins bien dans un décor inerte.
Georges Meurant 2011-12-12.
© Photos: Marie-Françoise PLISSART
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