268 – URBANISATION OF THE GRAND-PLACE LAC AREA
Louvain-La-Neuve – Place du Couchant
50°40’05,56”N/4°36’35,97”E
70.000 m², 1996-2003, (01/268)
• Plan de masse
• Aménagement des abords
• Architecture (Musée, Aula Magna)
• Ingénieur en stabilité (Aula Magna)
• Ingénieur techniques spéciales (Musée, Aula Magna)
• Éclairage naturel (Musée)
• Architecture d’intérieur (Musée, Aula Magna)
• Économie du projet (Musée, Aula Magna)
• Gestion du projet (Musée, Aula Magna)
• Gestion du chantier (Musée, Aula Magna)
INTRODUCTION
La ville nouvelle de Louvain-la-Neuve issue en 1972 de la scission de l’Université Catholique de Louvain, est située sur le territoire d’Ottignies à proximité de Wavre.
Le développement urbain se poursuit depuis lors sans discontinuer en travers de la vallée de la Malaise orientée est-ouest.
Avec une grande université et un parc scientifique qui s’étend à l’est et au sud de la ville, elle est destinée à accueillir une population de 28.000 habitants et en compte actuellement 15.500.
Le centre urbain au creux de la vallée est entièrement bâti sur une dalle couvrant les circulations automobiles et les emplacements de stationnement. Ses rues sont donc principalement piétonnes et occasionnellement accessibles aux véhicules de livraison et de secours.
La partie centrale étant achevée, la zone est et la zone ouest sont maintenant à l’agenda du plan urbain.
La zone ouest s’étend de la Grand-Place vers le Lac. Elle est bordée sur son côté sud-est par un complexe d’auditoires, la faculté de droit et une zone verte derrière laquelle s’organise le quartier résidentiel des Bruyères. Elle est bordée sur son côté nord-ouest par les habitations du quartier de l’Hocaille.
C’est dans cette zone que s’est implantée la Aula Magna. Outre celle-ci et un complexe de cinémas réalisé entre-temps, il est prévu d’y accueillir approximativement 60.000 m² de logements pour 1.500 personnes, le Musée, des extensions académiques, un hôtel et approximativement 500 emplacements de stationnement pour voitures.
Des cheminements piétons sont également prévus pour relier d’une part la Grand-Place aux rives du Lac et d’autre part, transversalement, le quartier de l’Hocaille au quartier des Bruyères.
Situé entre la périphérie naturelle de la ville et son coeur densément construit sur dalle, le projet assure une transition entre la circulation automobile paysagère et la circulation souterraine.
La morphologie urbaine du projet recherche la complémentarité et la continuité avec le bâti des 25 premières années de Louvain-la-Neuve tout en donnant à cette entrée ouest de la ville le visage qui lui manque.
La Aula Magna, élément de programme majeur pour la ville et l’Université se devait d’y trouver une implantation “naturelle”. Elle doit d’autre part exprimer l’esprit d’ouverture et de dialogue de la communauté universitaire et être conçue avec un souci de pérennité et de sobriété.
Le désir exprimé depuis longtemps par la communauté urbaine de voir se matérialiser une perspective de la Grand-Place vers le Lac a dicté une implantation de ce bâtiment majeur selon un axe reliant la Grand-Place à l’extrémité sud-ouest du Lac. Il ne pouvait être ni trop loin de la Grand-Place pour lui permettre de vibrer avec le coeur de la ville ni trop loin du Lac pour bénéficier des vues que procure ce dernier. Sa localisation dépend d’autre part intimement de l’implantation des voiries d’accès en infrastructure. Son implantation finale permet, avec le futur Musée, la matérialisation d’une cour d’honneur, espace de transition, entre la Grand-Place et la Aula Magna. Cette place, pratiquement carrée, est dédiée au Baron Raymond Lemaire, le père spirituel de la ville, qui m’a guidé et conseillé jusqu’à son dernier souffle.
Le complexe de cinéma remplit utilement l’espace entre la Aula Magna et la faculté de droit (complexe Thomas More). Un plan d’eau occupe l’espace entre la Aula Magna et le Lac. Il est bordé sur ses côtés par les fonctions à dominante résidentielle.
La zone nord-ouest du projet borde la faculté de théologie (bâtiment Descamps) et se composerait de deux quadrilatères. L’un d’eux, le plus proche du Collège Erasme, serait une zone de logements ou d’équipements communautaires. L’autre serait destiné au logement. Dans l’un et l’autre cas, une mixité des fonctions est possible au niveau du rez-de-chaussée. Un bâtiment à fonction académique viendra en outre finaliser le parvis de l’église Saint François. Un bâtiment en L à l’entrée de la ville définira une place d’accueil telle qu’il en est prévu à chaque porte d’accès direct du centre. Il comprendra quelques places de parking de courte durée.
La déclivité de 12,15 m entre la Grand-Place et les berges du Lac devait être négociée graduellement pour permettre une liaison douce et naturelle entre ces deux pôles majeurs de la ville. Elle est reprise en trois étapes successives, d’abord par une déclivité progressive de 2,70 m entre la Grand-Place et la façade sud-ouest de la Aula Magna, ensuite par une déclivité de 5,40 m entre la terrasse sud-ouest de la Aula Magna et les bords de la Darse (plan d’eau) et finalement par une digue d’une hauteur de 4,05 m comprenant plans inclinés et gradins entre la Darse et les rives du Lac.
Rampes, plans inclinés et escaliers permettent d’assurer les diverses liaisons piétonnes, accessibles aux handicapés, entre quartiers.
Le parti tel que résumé ci-dessus impliqua la déviation du tracé actuel de la route principale d’accès à la ville.
De nombreuses études alternatives ont précédé cette décision, elle s’imposa finalement pour permettre une liaison piétonne continue sans déclivité locale trop abrupte entre la Grand-Place et le Lac ainsi que la réalisation du plan d’eau.
Cette déviation a également permis l’implantation d’immeubles de logements en avant-plan des bâtiments Thomas More, ce qui permet d’en adoucir l’importante masse visuelle. La question des vents dominants du sud-ouest inhérents au site, a également influencé le tracé proposé et fera encore l’objet d’études détaillées ultérieures.
LES DIFFÉRENTES PARTIES DU PROJET
La place de l’Accueil
A l’extrémité sud-ouest de la ville, là où la circulation principale est déviée et où elle pénètre dans l’infrastructure de la ville, là où se termine le Lac et commence la Darse, se propose une place de l’Accueil. Il s’agit dans cette zone de mettre en œuvre tous les dispositifs matériels possibles pour inciter l’automobiliste à réduire progressivement sa vitesse de croisière à celle qui convient à la manœuvre urbaine. C’est pour cela que le ruban d’asphalte lisse et fluide de la route serait interrompu et transformé sur la place de l’Accueil en zone balisée en pavés de béton. Un mur besquaire affichant des messages de bienvenue dans la ville en définirait la limite sud-ouest. Sa face nord-ouest, présentant un grand talus la séparant des habitations existantes, serait équipée de rangs successifs de hêtres rouges. Ce dispositif est souhaitable pour réduire les nuisances acoustiques actuelles mais également pour capter la poussière inhérente au trafic automobile. La face nord-est est la véritable porte automobile de la ville.
Le flux sortant à gauche et le flux entrant à droite encadreraient une cariatide supportant le bâtiment en forme de L pouvant contenir l’hôtel et qui se prolongerait sur une colonnade pour former la face sud-est de la place marquant l’entrée dans le centre urbain. Cette colonnade couvrirait une zone de stationnement de courte durée destinée à accueillir les nouveaux visiteurs, ainsi qu’une rampe permettant l’accès aux quais de la Darse et au pied de la Aula Magna, non seulement aux véhicules officiels, mais également aux ambulances et camions de pompiers.
La Darse
Dès juin 1996, lorsque l’étude fut initiée par Monsieur Marcel Crochet, recteur de l’Université Catholique de Louvain, il apparut que l’implantation de la Aula Magna était d’une importance stratégique pour la fédération des autres fonctions autour d’elle dans cette zone de la ville. Seule une implantation dans l’axe reliant la Grand-Place à l’extrémité du Lac pouvait permettre la transparence visuelle tellement souhaitée. Ce point est fondamental car il implique la négociation de l’angle ainsi créé par rapport aux alignements du bâti existant et pose directement la question de la nature de l’espace entre la Aula Magna et le Lac. Pendant longtemps toute l’équipe d’étude se préoccupait de l’éloignement de la Aula Magna par rapport au Lac. C’est ainsi que diverses variantes de parc furent dessinées dans cette zone en relation avec la délicate question de l’éventuelle modification du tracé de la voirie.
Entre Noël et le Nouvel An 1997, la question fut inversée en remarquant qu’il était dommage que le Lac soit si éloigné de la Aula Magna. C’est ainsi que naquit l’idée de la Darse. Elle n’était possible qu’au prix d’une déviation de la route existante, mais permettait d’un seul coup de résoudre de nombreuses questions auxquelles aucune réponse n’avait été trouvée jusqu’alors. Elle permettait d’abord la proximité de la Aula Magna et de l’eau. Elle assurait ensuite une dilatation visuelle de l’espace, importante pour les logements qui borderont cette zone. Elle permettait de matérialiser la descente graduelle entre la Grand-Place et le Lac et la création d’un espace urbain différencié pouvant être le support à de nombreuses activités urbaines et familiales en complémentarité à celles qu’offre le Lac. Le niveau de la darse se situe donc 4,05 m au-dessus des rives du Lac pour permettre des raccords doux avec le relief et les bâtiments qui l’entourent.
La digue qui séparera la Darse des rives du Lac matérialisera avec douceur la limite de la ville. Les gradins et rampes qui l’équiperont permettent de rêver à son usage pour les amoureux au coucher du soleil, pour les spectateurs d’un théâtre nautique, pour les amateurs de skateboard… En ce qui concerne sa face nord-est un premier tracé prévoyait de la border par cinq immeubles à appartements séparés l’un de l’autre de manière à permettre à la lumière de rebondir entre les blocs et d’éviter ainsi une trop grande masse construite à contre-jour. Cela assurait également une grande rugosité de surface amortissant les vents dominants. Cette idée fut ensuite abandonnée pour réaliser un front bâti continu, les figures 1, 2, 3 illustrent trois étapes majeures de l’évolution du plan masse de janvier 1997 à juillet 2001. La Darse est également bordée, tant au pied de la Aula Magna que des logements la bordant sur son flanc sud-est, par une colonnade permettant d’accéder par rampes et escaliers au niveau général de la dalle du centre urbain. Elle peut abriter sous les logements des petits commerces saisonniers en relation avec l’activité ou les festivités au bord de la Darse. Elle abrite, sous la Aula Magna, un restaurant jouissant d’une large terrasse au sud-ouest.
Il était prévu d’agrandir légèrement les bords du Lac actuel du côté du quartier des Bruyères et de prolonger la digue en ligne droite dans cette direction, de manière à permettre une échappée visuelle vers la charmante petite zone verte protégée dans laquelle se trouve le couvent le “Torrent Kérith”. Elle créait une césure verte entre les cinq immeubles à appartements dont question ci-dessus et les autres immeubles du quartier des Bruyères en particulier le bâtiment dit “Les Marines”. La promenade au bord du Lac était maintenue sans discontinuité en passant sous la dernière unité d’habitation qui longe la Darse. Elle est également mise en communication avec le centre-ville par les rampes et escaliers de la digue.
Le Musée et la place Raymond Lemaire
La place Raymond Lemaire est l’espace de transition entre la Grand-Place, lieu d’échanges pleins de vie, tumultueux et bruyants, siège de la truculence urbaine, et la Aula Magna, lieu de rassemblements dignes et solennels.
Elle agit comme vestibule entre l’une et l’autre. Le nouveau Musée délimitera les trois des quatre faces de la place tout en en assurant l’entrée à partir de la Grand-Place. Il est actuellement à l’étude, la construction de ce vaste Musée de plus de 5.000 m² devrait débuter prochainement.
Le complexe des cinémas
L’espace résiduaire entre les auditoires Thomas More et la rue bordant la face sud-ouest de la Aula Magna est mise à profit pour recevoir un complexe de cinémas dont l’entrée se situe également sur la Grand-Place.
La Aula Magna
La Aula Magna, avec son aspect basilical, se doit d’être un des éléments symboliques de la ville. Son architecture doit donc être mesurée, sobre, à la limite de l’austérité, tout en montrant un visage joyeux les jours de fête. Il s’agit d’un vaste volume parallélépipédique en verre dans lequel est disposée sur pilotis la salle proprement dite, dégageant ainsi un foyer complètement transparent permettant une vue ininterrompue de la place Raymond Lemaire vers le Lac.
Le grand tympan regardant la ville sur la face nord-est du bâtiment peut s’ouvrir à l’occasion, mettant ainsi la scène en communication directe avec l’espace urbain. Il est souhaité qu’une grande oeuvre d’art l’habille au repos mais qu’elle puisse s’éclipser au profit de l’annonce des activités de la Aula Magna. Ses longs flancs latéraux sont bordés de deux rues. J’imaginais au départ de les couvrir d’une toiture de verre pour réaliser deux galeries, la galerie “du Roi” bordait la placette formant le parvis nord-ouest de la Aula Magna et la galerie “de la Reine” assurait la transition entre la face sud-ouest de la Aula Magna et les galeries vitrées animées du complexe de cinéma. Le carcan de la législation actuelle en matière de prévention incendie empêcha la concrétisation de cette idée.
Le parallélépipède est construit sur un plan rectangulaire de 31,5 m sur 72 m. Sur une trame carrée de 8,10 m de côté, elle comprend trois travées transversales sur huit travées longitudinales entourées d’une zone de 2,70 m de large. Sa hauteur est de 17,57 m du côté de la place Raymond Lemaire et de 18,92 m au-dessus de la terrasse du côté de la Darse. Le niveau de la place au nord-est de la Aula Magna se situe à la cote 112,05 m soit 1,35 m sous le niveau 113,40 m de la Grand-Place. Le niveau du perron de la Aula Magna du côté du Lac se situe à la cote de 110,70 m. Ces niveaux découlent également de la volonté d’assurer la vision du Lac à partir de la Grand-Place.
Toute blanche, enveloppée d’une peau de verre, son architecture au tracé régulier se veut complémentaire à l’architecture organique, de briques et d’ardoises, de la ville.
La modestie d’expression souhaitée pour la Aula Magna devait impliquer une grande discipline de composition pour le reste du quartier. Si une approche organique de composition urbaine s’est avérée remarquablement opérante pour les débuts de Louvain-la-Neuve car elle permettait de garantir dès le début une échelle humaine adéquate pour une ville en devenir, la ville entre maintenant, après 25 ans d’existence à peine, dans une phase de maturité permettant une évolution de ses canons formels.
C’est en parfait accord avec Raymond Lemaire que ce nouveau quartier fut pensé dans une facture plus ordonnancée, exactement comme cela s’est produit et se produit encore dans toutes les villes européennes. Les bâtiments en briques à toiture d’ardoises, aux façades et toitures déhanchées dont les jeux de pleins et de vides s’écartèrent volontairement des tracés réguliers, sont ici complétés par des volumes aux tracés réguliers. Tous à l’exclusion de la Aula Magna et du Musée, sont imaginés couronnés par des toitures à pentes de 3 sur 4 et d’acrotères formant garde-corps des terrasses de toiture contenant l’ensemble des souches de cheminées et aéras divers.
Dans la vision actuelle, les façades sont enduites et rythmées par les percées régulières des baies et des balcons. Les couvertures de toiture seraient réalisées en tôle de zinc posée à tasseaux et seraient surmontées d’un acrotère de 90 cm de hauteur.
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