Page 228 - ELEMENTS EUROPA (FR)

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VERS LE « BIM »
LE BIM ?
Le « Building Information Modelling », ou « BIM », est une
tendance lourde apparue récemment dans le monde de la
construction. C’est une méthode ouverte de création et de
gestion du projet consistant à rassembler toute l’information
du bâtiment dans un unique modèle informatique en trois
dimensions, détaillé et partagé entre tous les intervenants,
en attachant aux éléments de construction toutes sortes de
données utiles (chiffres, textes, liens, dessins, photos, etc.). Le
modèle devient ainsi une représentation complète du bâtiment,
depuis le projet jusqu’à l’exploitation en passant
par la construction.
Pendant la conception, la coordination des études
(architecture, structure, techniques spéciales) est améliorée par
la détection automatique des conflits géométriques, la rapidité
des changements, la production automatique des cahiers des
charges et des métrés, les liens vers les logiciels de calcul de
structure et de physique du bâtiment, etc.
Lors de la construction, la coordination d’exécution est
également améliorée en adaptant les éléments du modèle
aux dimensions réelles d’exécution. La gestion du chantier
tire également parti du modèle pour établir les phasages
d’exécution, la répartition des travaux par sous-traitants,
la gestion des prix de revient, etc.
La gestion de l’exploitation du bâtiment utilise également
le modèle, par exemple pour gérer le parc de mobilier et
de matériel, planifier les campagnes de maintenance des
équipements et des parachèvements, gérer de façon fine les
paramètres de confort ou de consommation énergétique, etc.
Déjà effective dans les pays voisins, la « révolution » BIM en
est à ses débuts en Belgique. Le projet Europa s’est réalisé à
la charnière entre l’ancien et le nouveau régime et il semble
intéressant de détecter dans le déroulement réel des études
et du chantier les éléments qui s’inscrivent déjà, parfois sans
le savoir, dans ce mouvement.
PLANS 2D OU MODÈLE 3D
Le modèle en trois dimensions (ou modèle 3D) ne constitue
pas à lui seul l’entièreté du système BIM, mais il en est l’ossature
indispensable.
Le projet Europa a commencé avant que les outils BIM
soient disponibles et l’approche 3D n’y est que partielle.
D’ailleurs, beaucoup de questions posées par le projet se
résolvent très efficacement en 2D. Par exemple, le tracé du
cloisonnement des zones banalisées se travaille principalement
en plan selon les exigences de surfaces et de circulation du
programme. La troisième dimension n’intervient que sous la
forme de l’indication sur le plan de la hauteur sous plafond. Les
canalisations et équipements techniques dans les faux plafonds
et les planchers sont étudiés séparément et ont parfois un effet
rétroactif sur le dessin du plan. Un modèle 3D global aurait
permis, à l’évidence, d’améliorer ce processus d’optimisation par
une meilleure détection des conflits géométriques, mais au prix
d’un effort initial plus important.
Pour certains sujets, la troisième dimension est tellement
déterminante dans la genèse de la forme que l’on ne peut pas
« remettre à plus tard » son étude détaillée et, en attendant, la
gérer par des mesures simples à mettre en œuvre, comme, par
exemple, la fixation du niveau du faux plafond.
La lanterne constitue un bon exemple de ce type d’objets.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire à première vue,
la lanterne n’est pas un « blob » dont la forme serait générée
par un processus de « modelage », comme une sculpture
virtuelle. Elle résulte au contraire d’un processus analytique et
déductif consistant à empiler une suite d’ellipses planes dont
les longueurs d’axes varient de niveau à niveau. Cependant,
cette approche ne permet pas de maîtriser complètement
la géométrie exacte de l’enveloppe, une surface non
développable. Au moment de définir la forme des colonnes
cintrées qui définissent cette dernière, le modèle 3D devient
indispensable. Ces colonnes sont nécessairement dessinées en
trois dimensions pour en permettre le calcul (voir Jean Attali
et Philippe Samyn, Europa, tome 1, chapitre 4). Le modèle est
repris, en collaboration avec le constructeur de la façade vitrée,
pour déterminer l’épaisseur totale de la façade. Cela permet de
générer par expansion le modèle 3D de la surface extérieure du
vitrage et de le calepiner en facettes cintrées. Le constructeur
reprendra ensuite les dimensions du modèle pour fabriquer les
éléments vitrés de la façade.
Cette approche collaborative basée sur des modèles 3D
compatibles correspond dans son esprit à l’approche BIM,
bien que l’intégration logicielle soit incomplète.