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LIgHT 3
Dès les premières esquisses du projet, l’idée d’une grande feuille ou d’une cage de verre transparente vient à l’esprit de l’équipe d’études. Ses doutes la conduisent à inviter d’autres personnes
à ré échir sur le sujet, mais l’idée d’origine résiste à toutes les remises en question, toute simple qu’elle fût en apparence.
Elle se développe patiemment et fait l’objet d’énormément de soins et d’attentions sans cesser d’apparaître, fait étonnant et rare, comme la meilleure réponse à la question.
Après les « torii » en acier inoxydable microbillé que Philippe Samyn réalisa pour le centre de recherche de Nissan, le voici donc, pour la seconde fois, sculpteur à Louvain-la-Neuve.
LIGhT 3 s’inscrit dans un parallélépipède rectangle de 13,50 m de large, d’1,35 m d’épaisseur et de 17,10 m de haut, placé à 2,70 m en avant des vantelles de la façade sud, dans l’axe de la galerie.
Ce parallélépipède est matérialisé :
– d’une part par 11 « échelles » rectangulaires vitrées, d’1,35 m
de large et de 17,10 m de haut, perpendiculaires à la façade sud
et espacées d’1,35 m. Chacune de ces échelles est composée
de neuf volumes de verre d’1,35 m de large et d’1,80 m de haut, surmontant un volume de base moins haut (90 cm) ;
– et d’autre part, par deux damiers parallèles à la façade sud, joints perpendiculairement aux 11 échelles précitées sur leurs faces
nord et sud. Chaque damier est constitué de 10 rangées de cases horizontales superposées, chaque rangée comportant 10 cases d’1,35 m de large, alternativement vitrées et ouvertes. Comme pour les échelles, la hauteur des neuf rangées supérieures est d’1,80 m, alors que celle de la rangée de base est de 90 cm.
Les volumes vitrés sont disposés en quinconce, à la manière
d’un damier de jeu d’échecs dont les carrés seraient remplacés
par des rectangles de proportion 3 sur 4 (1,35 m sur 1,80 m).
En outre, les cases vitrées du damier sud font face aux cases ouvertes du damier nord et inversement.
L’ensemble se compose ainsi de 210 volumes de verre trempé extra-clair de 12 mm d’épaisseur et d’1,35 m de large, répartis en 189 volumes d’1,80 m de haut et 21 volumes de 90 cm de haut (soit 99 volumes d’1,80 m et 11 de 90 cm pour les échelles, d’une part, et 90 volumes d’1,80 m et 10 de 90 cm pour les damiers, d’autre part).
Comme une ûte de Pan, cette construction se compose donc de 10 fuseaux sur plan carré d’1,35 m de côté et de 17,10 m de haut. L’ensemble est implanté dans un miroir d’eau rectangulaire de 18,90 m sur 4,05 m, la demi-hauteur du module de base (90 cm) permettant de créer l’illusion visuelle de la poursuite de l’en- semble dans le sol.
Les 210 volumes vitrés sont enchâssés dans une résille ortho- gonale tridimensionnelle de barres de section carrée de 12 mm de côté en acier inoxydable poli miroir. Ils y sont collés sur leur champ à l’aide d’un silicone noir à haut module d’élasticité. Dans le sens vertical, deux nappes de 11 barres de 17,10 m de hauteur enchâssent tant les vitrages des deux damiers que ceux des 11 lames verticales.
Les barres verticales de la nappe nord sont reliées par neuf butons horizontaux à la partie supérieure des montants portant les van- telles horizontales mobiles de la façade sud, soit à une hauteur
de 11,70 m pour la sculpture. Ces 22 barres verticales travaillent en traction ou en compression pour reprendre les efforts de exion auxquels la sculpture est soumise sous l’effet du vent.
Dans le sens horizontal, les 11 barres verticales de chacune des deux nappes sont reliées entre elles par 11 barres horizontales espacées verticalement de 90 cm pour les deux plus basses et d’1,80 m pour les autres. Les deux nappes sont également reliées transversale- ment, du nord au sud, par 121 barres d’1,35 m de longueur.
Cet ensemble de barres forme donc une sorte de « cage à singes » reprenant l’effort tranchant (le cisaillement) provoqué par l’effort du vent sur la structure, qu’il vienne du nord/sud ou de l’est/ouest.
Cet effort tranchant est repris par le cisaillement des volume de verre trempé et transmis à la « cage à singes » en leurs quatre coins par l’intermédiaire de cales en néoprène en forme de dièdres. Ce concept structurel simple a cependant demandé des calculs très précis aux éléments nis.